La version sous-titrée de ce navet (réalisé par le Chinois Tu Kuang-chi alias Doo Kwang Gee) par René Viénet et Gérard Cohen est visible sur Ubu Web http://www.ubu.com/film/vienet_dialectics.html et sur http://www.acte-gratuit.net/regarde-sans-tes-yeux-comme-tu-fais-du-velo-sans-les-mains.html. Par ailleurs, le film est régulièrement programmé à la cinémathèque française.
Contrairement à ce qui est dit sur l’affiche elle-même, La Dialectique… n’est pas le premier film à sous-titrer ou doubler une œuvre préexistante avec des dialogues (humoristiques ou non) volontairement en décalage avec l’histoire originale. Woody Allen peut se targuer d’avoir devancé un situationniste sans même avoir lu leurs publications : What’s Up, Tiger Lily est sorti à la fin de l’année 1966.
Je m’étonne que cette erreur soit si couramment reprise lorsque l’on évoque la filmographie de René Viénet. Comme Lily la tigresse (en VF) n’est pas le travail d’un obscur réalisateur mexicain de séries B des années soixante, mais celui d’un des plus grands cinéastes nord-américains en activité, qui plus est, une vraie vedette en France où il a fait l’objet de dix-huit publications, c’est très étonnant.
Un critique du site nanardland (http://www.nanarland.com, allez-y, c’est fort drôle), qui n’a pas aimé le film, c’est-à-dire qu’il considère que c’est un mauvais nanard, a tout de même rappelé l’antériorité de Woody Allen, en termes de détournement.
En parlant de détournement, un cinéaste français, né en 1931 à Paris, cofondateur de l’Internationale situationniste (je fais comme Isidore Isou, je ne le cite plus), aurait dit « sous-titrer n’est pas détourner ». (Je paye le champagne à qui retrouvera l’origine de cette citation !) C’était certainement pour emmerder Viénet qui lui tapait sur le système et qui faisait plus d’entrées que lui au cinéma. Le débat reste, bien entendu, ouvert.
Je remercie beaucoup Benoît pour l’envoi de l’affiche.