Le retour de Karpov et Kasparov sur l’échiquier

On signale dans la presse les retrouvailles des mythiques duellistes Karpov et Kasparov. C’est peu de dire que cette série de rencontres nous ramènent pas mal d’années en arrière, dans une configuration géopolitique alors toute différente !

Cette paire représentait bien plus qu’un combat entre deux des plus grands joueurs d’échecs de ces trente dernières années ; une coloration politique venait pimenter les enjeux, certainement les couvrir, en tous les cas leur apporter une médiatisation extra-échiquéenne exceptionnelle. Ce qui, dans un univers déjà très à part, n’allait absolument pas de soi pour les joueurs qui la subissait.

Anatoli Karpov symbolisait la vieille garde stalinienne, ou brejnévienne, le camp ultraconservateur. Garry Kasparov incarnait l’espoir que faisaient naître Mikhaïl Gorbatchev et la Glasnost, l’ouverture tant souhaitée de l’Union soviétique au monde occidental. Et l’opposition ne s’arrêtait pas là. Kasparov était charmeur, volubile, sympathique, l’autre nous paraissait absolument sinistre avec ses cheveux plaqués et son air glacial.

La partition est-ouest, le bon contre le méchant : leurs multiples rencontres avaient la puissance symbolique d’un combat de catch. Pour un peu, on retrouvait la dimension épique du match opposant  Mohamed Ali à George Forman à Kinshasa, en 1974.




Du reste, l’histoire n’a pas donné tort à cette lecture singulière. Kasparov n’a pas cessé de s’engager politiquement et dans les dangereuses conditions qui sont celles de la Fédération de Russie de Vladimir Poutine ; Karpov, à ma connaissance, n’est jamais sorti du monde des échecs.

Souhaitons que la rencontre qui se joue en ce moment même à Valence en Espagne ait une autre allure que le retour de Bobby Fischer en 1992, dans un autre fameux remake, celui de son engagement contre Boris Spassky.




On peut suivre ici, en direct, les parties que se disputent Karpov et Kasparov.