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Deux parutions récentes de Romain Slocombe


Pour Stéphane du Mesnildot
et Pierre-Olivier Capéran


Il est grand, mince et sec comme un coup de trique. Il vous abordera avec un sourire engageant et une politesse un brin désuète. Sa gentillesse n’a d’égale que sa capacité à vous sortir les pires horreurs en donnant l’impression d’évoquer la pluie et le beau temps.

Il me revient à l’esprit une séance très amusante au centre Georges-Pompidou. Romain intervenait au milieu de traducteurs de l’œuvre de Pierre Guyotat. Prenant la parole pour témoigner de ce qui l’avait attiré dans le livre Tombeau pour cinq cent mille soldats, qu’il avait traduit en anglais, il exposa un récit personnel absolument scabreux. Alors que l’audience s’enfonçait dans un malaise de plus en plus palpable, Romain souriait de l’air du ravi de la crèche…

Que la chose soit entendue, Romain Slocombe ne s’embarrasse ni de préjugés et moins encore de censure. Dessinateur, photographe, cinéaste, romancier et traducteur (Mémoire d’une fripouille de l’excellent  George Sanders), cet artiste aux talents multiples s’est bâti une sulfureuse réputation dans les marges les plus extrêmes de l’érotisme.

Longtemps connu comme dessinateur – qui n’a pas en mémoire les couvertures des romans de Mishima qu’il illustra pour la collection Folio dans les années quatre-vingt ? –, il a été le compagnon de route de Bazooka et a évolué dans la frange la plus avancée du graphisme français. Il publie chez Futuropolis en 1983 le fameux Art médical qui va l’imposer dans le milieu très fermé du fétichisme japonais ; il est à ce titre un des très rares gaijin à être reconnu comme inventeur de forme dans ce pays. (Il est aussi fêté aux États-Unis sous le doux surnom de « Slow Comb » en référence aux ondulations de sa chevelure.)

Ce sont d’ailleurs ses photos sur le thème de l’art médical qui vont entraîner une petite révolution chez Gallimard : il imposera ses visuels en couverture de la « Série noire ». Devant le succès des titres joliment illustrés de ses photographies en noir et blanc, la fameuse collection, plus sobre que ses directeurs, généralisera le procédé.

Parlons-en de ses polars ! Le plus souvent ancrés au Japon (La Crucifixion en jaune, le remarquable Nao), ils disent mieux que quiconque en langue française les spécificités de ce pays. À telle enseigne que je me suis toujours dit que si je devais enseigner cette culture, à l’instar de Bruno Gollnisch à Lyon, je recommanderais ses ouvrages aux étudiants. Dans les détails les plus infimes, Romain témoigne de sa connaissance du territoire et de son amour, volontiers critique, du Japon.

Cette activité de romancier l’a imposé au fil des ans comme un acteur incontournable du genre. Je signale donc deux de ses parutions les plus récentes, en vous avouant que je viens à peine de les découvrir et que je ne les ai pas lus. Il s’agit de Lolita Complex et de L’Infante du Rock, le dernier en date.

Par ailleurs, nous sommes invités à nous rendre à la séance de dédicace de Romain, le vendredi 27 novembre à partir de 18 h, à la Librairie « L’Atelier 9 » au 59 de la rue des Martyrs dans le neuvième arrondissement de Paris. Le métro le plus proche est la station Pigalle et le téléphone est le 01 48 74 30 74.


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C
<br /> C'est vrai, comme beaucoup de dessinateurs, c'est la gentillesse même, et ses oeuvres graphiques sont mémorables. Je n'ai lu qu'un seul bouquin de lui, pas mal écrit, alors je vais tâcher de<br /> m'instruire...<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Génial Slocombe !! remarquables livres, fantastiques illustrations, magnifiques photos, il faut absolument qu'il se remette aux photos de japonaises…<br /> <br /> <br />
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