Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 23:01

 

 

 

AH1.jpg

 

« Un groupe d’amis avait décidé de fonder une maison d’édition. En Suisse, à Lausanne et ouvert au monde. J’étais libraire alors et je cherchais dans les catalogues les livres que j’avais aimés dans mon adolescence belgradoise. Beaucoup y manquaient. Ces titres en puissance étaient ma contribution à ce projet à venir. Et mon lien avec les amis que je m’étais faits en Suisse, les lecteurs qui fréquentaient les librairies où je travaillais. Passionné de littérature américaine, c’est Thomas Wolfe que j’avais apporté dans mes bagages. Comme si l’exil de son Ange exilé avait été déjà inscrit dans ma vie. Et les auteurs slaves, dont le fabuleux Biély, auteurs oubliés, écartés, blasphémés, censurés… autant d’Anges bannis.

Ces écrivains se mêlaient, comme maintenant, avec les auteurs suisses, ceux du passé et les contemporains. J’ai eu la chance de les côtoyer, ils sont devenus les compagnons de la maison. Nache dom (« notre maison »), disaient les dissidents et les opposants à l’Est. Mil quatre cents livres d’auteurs suisses y sont eux aussi dans leur maison, au même titre les artistes, les traducteurs, les philosophes, les poètes, les peintres venus de Russie, d’Angleterre, de Pologne, d’Amérique, de Serbie, d’Espagne, de Bulgarie, d’Italie, d’Israël, de Flandre, de Tchèquie, de Grèce.

De France aussi, naturellement, où nous avons à Paris notre siège, qui est en même temps une librairie suisse et slave. De manière tout aussi naturelle, nous éditons et aimons les auteurs belges : on considère L’Âge d’Homme comme l’un des principaux éditeurs de ces écrivains aux œuvres insolites et originales. »

Vladimir Dimitrijevic

 

 

Les Éditions L’Âge d’Homme ont la grande tristesse d’annoncer le décès de son directeur, Monsieur Vladimir Dimitrijevic, parti subitement
le 28 juin 2011.

Avec cette disparition, L’Âge d’Homme perd non seulement son fondateur, mais aussi celui qui a été l’âme de la maison pendant quarante-cinq ans.

Les médias qui le souhaitent sont invités à prendre contact avec sa fille
Mme Andonia Dimitrijevic ou Mr Marko Despot
aux Éditions L’Âge d’Homme à Lausanne.
+ 021.312.00.95

Librairie L’Âge d’Homme, 5, rue Férou, 75006 Paris.
Mme Lydwine Helly 01.55.42.79.79 / 06.75.87.17.02

Une cérémonie orthodoxe aura lieu à la Chapelle B au cimetière de Montoie à Lausanne le mardi 5 juillet à 15 heures.

 

AH2.jpg

 

L’Âge d’Homme ou la passion d’éditer

La maison d’éditions L’Âge d’Homme est fondée en 1966 à Lausanne par Vladimir Dimitrijevic.

C’est sans doute à L’Âge d’Homme que nous devons de ne plus réduire la littérature russe aux seuls noms de Dostoïevski, de Tolstoï ou de Gorki. Grâce à la collection « Classiques Slaves », les lecteurs ont pu découvrir les œuvres majeures du symbolisme russe, celle d’André Biely (Pétersbourg, La Colombe d’argent, Kotik Letaiev), d’Ossip Mandelstam, d’Alexandre Blok ; des auteurs aussi considérables que les polonais Witkiewicz ou Ladislas Reymont ; les écrits esthétiques de Malévitch, les essais et les romans de Zamiatine, de Leskov ou de Boris Pilniak. De Ivo Andritch et Dobritsa Tchossitch aux chefs-d’œuvre d’Alexandre Zinoviev, la collection « Classiques Slaves » qui compte aujourd’hui plus de 500 titres, a permis de faire connaître un immense patrimoine littéraire que le « réalisme-socialiste » n’avait pas réussi à étouffer.

Ce « regard sur le monde » qu’entend porter L’Âge d’Homme ne concerne pas uniquement le domaine slave. Sont présents les domaines anglo-saxon, (G.K. Chesterton, Thomas Wolfe, Compton-Burnett, Cowper Powys, Mary Shelley, Saki, Grossmith, etc.), germanique (F. Dürrenmatt, Jean Paul), italien (Eugenio Corti, Saba), belge (Hugo Claus), espagnol (Gracian, Unamuno), yiddish, etc.

Les auteurs contemporains suisses et français occupent une place importante dans le catalogue. Il s’agit souvent d’écrivains dont l’œuvre n’a jamais cédé aux séductions du moment : Ramuz, Charles-Albert Cingria, Pierre Gripari, Gaston Cherpillod, Dominique de Roux, Albert Caraco ou Georges Haldas, pour ne citer que ceux dont les noms n’apparaissent que trop rarement sous la plume des critiques littéraires.

À travers de nombreuses collections de littérature et d’essais, mais aussi des revues ou encore des monuments littéraires comme les 12 volumes du Journal intime d’Amiel, le Journal inédit de Léon Bloy, les Œuvres complètes de Jules Laforgue, la première édition intégrale du Journal de Marie Bashkirtseff ou encore la Correspondance générale d’Octave Mirbeau L’Âge d’Homme présente le visage d’une maison d’édition rare : on ne trouvera dans aucun des environ 3 000 titres que compte le catalogue, nulle concession à la mode ou au commerce, mais tout au contraire une foi aussi têtue que passionnée en la littérature.

Fondateur des éditions L’Âge d’Homme, Vladimir Dimitrijevic reste aujourd’hui l’insoumis qu’il était à vingt ans, lorsqu’il quitta la Yougoslavie en 1954 et se retrouva seul et démuni en Suisse, où il exerça mille petits métiers (jardinier chez un curé, couvreur, ouvrier d’usine, gardien de nuit, etc.) avant de devenir libraire, puis éditeur. Fou de littérature, parce que les livres auront été pour lui la seule respiration dans une société étouffante, il fonde en 1966 à Lausanne sa propre maison d’édition : L’Age d’Homme.

 

Source des textes : Éditions L’Âge d’Homme.

Les images viennent du journal de la Télévision suisse romande – eh oui, ce n’est pas au journal télévisé français que l’on va en parler… 


Partager cet article
Repost0

commentaires

L
<br /> <br /> Je passe par là, plus ou moins concernée -c'est mieux que consternée?-<br /> <br /> <br /> te recommande "L'Apollonide", film de Bertrand Bonello ...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> "Dimitri" était un grand bonhomme. J'ai eu le privilège de travailler avec lui, sur les éditions successives de l'immense Anthologie de la subversaion carabinée de l'ami Noël<br /> Godin, fait des relectures de quelques ouvrages sulfureux, comme le récent Georges Darien. Certes il avait des amis douteux (Besson, Sevran) et publia des auteurs dignes d'être<br /> entartés (Volkoff le fut). Mais c'était un éditeur de grande trempe, un homme de courage, de parole et de caractère (ouf). Nous l'aimions, nous le regrettons. Cette saloperie de bagnole vient<br /> encore de nous enlever un pote.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation

Recherche

Archives