Essai sur l’art chinois de l’écriture et ses fondements (2010)
Notes sur Tchouang-tseu et la philosophie (2010)
Contre François Jullien (2006)
Études sur Tchouang-tseu (2004)
Leçons sur Tchouang-tseu (2002)
Chine trois fois muette (2000)
En l’espace d’une décennie, Jean François Billeter s’est imposé comme l’un des sinologues les plus estimés, touchant un large public a priori peu concerné par les études chinoises. Ce succès, il le doit autant à la réelle qualité de son écriture qu’à la clarté de ses exposés, la rigueur de ses analyses, à son discernement, sa pertinence et un rare sens critique qu’il partage, dans ce domaine, avec Anne Cheng (qui ne s’embarrasse guère de diplomatie). Son travail sur le Tchouang-tseu marque une étape importante dans la « redécouverte » (si tant est qu’il ait été oublié) de l’antique maître taoïste – dont la récente traduction en français de Jean Levi se fait l’écho.
Anciennement enseignant de chinois à l’université de Genève (il en a gardé cette note didactique), partageant sa vie entre la vivifiante ville de Pékin et la vieille Europe, Jean François Billeter travaille en marge de l’institution, malgré quelques leçons au Collège de France. C’est sans doute ce qui autorise l’emploi de ce ton : n’ayant plus rien ni personne à ménager, il élabore, loin des contraintes, une réflexion dont la profondeur et la radicalité dépassent le cadre de la sinologie francophone. En ces temps frileux où la pensée gèle au premier contact de l’air, il y a quelque chose de rassurant et de réjouissant à lire la prose de Billeter.
On ne saurait dissocier l’émergence de J. F. Billeter de celle de son éditeur Gérard Berréby, qui a vu sa maison passer, à peu près dans le même temps, d’un statut confidentiel à celui d’une enseigne quasi incontournable.
Essai sur l’art chinois de l’écriture et ses fondements
« L’unique préoccupation du calligraphe chinois est de donner vie aux caractères, de les animer sans les forcer en rien. Il met sa sensibilité au service de l’écriture puis en vient, par un renversement subtil, à se servir de l’écriture pour exprimer sa sensibilité personnelle. »
Depuis près de deux mille ans, les Chinois considèrent la calligraphie comme l’un des beaux-arts, un art plus ancien que la peinture, et traditionnellement placé au-dessus d’elle. Cet art consiste à donner vie à l’écriture comme l’interprète donne vie à une composition musicale en la jouant. Par la forme qu’il donne à l’écriture, le calligraphe peut exprimer une conviction morale, une manière d’être, une sensibilité, des émotions, dont cet ouvrage retrace la genèse. Cette magistrale synthèse sur la calligraphie chinoise est écrite aussi bien pour le grand public que pour les historiens de l’art et les sinologues. Avec clarté et un constant souci pédagogique, Jean François Billeter révèle les ressorts cachés de cet art singulier, il pénètre en profondeur les mécanismes mêmes de l’expression.
Parution octobre 2010, 416 p., 16x24, 28 €.
Notes sur Tchouang-tseu et la philosophie
« Les lecteurs qui n’ont pas la passion des textes anciens trouveront peut-être absurde l’idée de demander un appui, dans une aussi grande affaire, à un auteur de l’Antiquité dont on sait si peu de choses et dont on a si peu de textes. Mais c’est que ces textes ont une teneur très particulière. Ils contiennent une matière dont nous n’avons pas d’autres échantillons et qui pourrait constituer un antidote puissant, même en petite quantité, contre la tradition dont il s’agit de se libérer. Puissant par ses vertus propres, mais aussi à cause du rôle que ces mêmes textes ont continûment joué à travers les siècles. On les a constamment admirés, mais dans un esprit qui n’était pas le leur. Ils constituent donc, contre la tradition, un argument interne. »
Cet ouvrage reprend certains problèmes abordés dans les Leçons sur Tchouang-tseu et les éclairent d’un jour nouveau. Il aborde en particulier la nature des difficultés sur lesquelles butent les échanges entre l’Europe et la Chine sur le plan de la pensée. Le Tchouang-tseu permet d’appréhender des aspects inaperçus mais essentiels de l’expérience humaine la plus commune. Nul problème n’est compliqué dès lors qu’il est ramené à l’essentiel.
Parution octobre 2010, 96 p., 10x17, 6,10 €.
Contre François Jullien
« Ce que nous considérons aujourd’hui comme la “civilisation chinoise” est intimement lié au despotisme impérial. Nous devons la juger là-dessus – non pour nier sa grandeur, ni pour réduire le rôle qu’elle a joué dans l’histoire, mais pour déterminer le rapport que nous voulons entretenir avec elle. »
François Julien a publié sur la « pensée chinoise » des ouvrages nombreux, qui ont connu un succès considérable en France et des traductions dans une quinzaine de langues. Un autre sinologue, Jean François Billeter, présente ici quelques-unes des objections qu’on peut lui faire sur sa méthode et sur sa vision de la Chine. Il ouvre un débat qu’il estime indispensable et dont il montre les implications intellectuelles, morales et politiques.
Parution avril 2006, 128 p., 10x17, 6,10 €.
Études sur Tchouang-tseu
« L’action doit avoir un but précis, sinon elle se divise, elle se brouille, elle tourne mal et cause à la fin des dégâts irréparables. Les sages d’autrefois gardaient en eux le ressort de l’action, ils ne le laissaient pas à d’autres. Tant que tu n’es pas sûr de le détenir, ne te mêle pas de mettre fin aux méfaits d’un tyran ! » (Tchouang-tseu)
« Tchouang-tseu est le plus remarquable des philosophes chinois. On ne sait pas grand-chose de sa personne. Il est probablement mort vers 280 avant notre ère. Nul ne sait très bien quelle part lui attribuer dans l’ouvrage qui porte son nom et qu’on appelle “le” Tchouang-tseu. Cet ouvrage réunit des textes de Tchouang-tseu lui-même et d’auteurs anonymes qui ont été proches de lui, se sont inspirés de lui après sa mort ou ont été associés à son nom par la suite. L’ouvrage n’est pas gros, il est un peu moins long que les quatre Évangiles. C’est un classique : un ouvrage qui a été beaucoup lu, cité et commenté au cours des siècles, mais aussi mal lu et mal compris, ou compris selon des préjugés qui n’ont plus de raison d’être aujourd’hui. Je me suis efforcé de l’aborder d’un regard neuf. Au seuil de ce livre, le lecteur me demandera peut-être de lui dire quelle sorte de philosophe est Tchouang-tseu. Je ne peux pas répondre parce que je ne puis le classer dans aucune catégorie connue. Il faut que le lecteur voie et juge par lui-même. » (Jean François Billeter)
Parution mars 2004, 296 p., 14x22, 20 €.
Leçons sur Tchouang-tseu
« Je m’inscris donc en faux contre une sorte d’accord tacite que les sinologues paraissent avoir établi entre eux. Le texte serait si difficile, son état si problématique, la pensée qui s’y exprime si éloignée de la nôtre que ce serait de la naïveté ou de l’outrecuidance de prétendre le comprendre exactement. Mon intention est de briser ce préjugé. Je ne le ferai pas en essayant d’imposer une lecture particulière, mais en exposant comment je m’y suis pris pour tenter de comprendre le Tchouang-tseu, en présentant quelques résultats que je tiens pour acquis, mais en faisant aussi état de mes doutes et des questions que je me pose. Je souhaite donner une idée des découvertes que l’on fait quand on entreprend d’étudier ce texte de façon à la fois scrupuleuse et imaginative. »
Dans ces cinq leçons prononcées au Collège de France sur l’œuvre de Tchouang-tseu, figure tutélaire de la pensée taoïste, Jean François Billeter, en partant chaque fois du texte même, qu’il traduit de façon scrupuleuse et sans a priori philosophique, parvient à faire émerger le sens d’une pensée qui n’a rien d’abscons, déconcertante parfois mais toujours précise et profonde.
Parution novembre 2002, 160 p., 10x17, 6,10 €.
Chine trois fois muette
Dans cet ouvrage formé de deux essais qui se complètent l’un l’autre, Jean François Billeter éclaire doublement ce qui se passe en Chine aujourd’hui : d’abord du point de vue de l’histoire du capitalisme, de cette « réaction en chaîne non maîtrisée » dont il retrace l’histoire depuis son début en Europe, à l’époque de la Renaissance ; ensuite du point de vue de l’histoire chinoise, dont il offre également une synthèse dense, mais claire. Cet ouvrage intéressera les lecteurs qui s’interrogent sur la Chine actuelle, mais aussi ceux qui réfléchissent sur le moment présent de l’histoire et ses suites possibles.
Parution novembre 2000, 128 p., 10x17, 6,10 €.
Les notices viennent du site d’Allia.