Il y a des jours où j’aimerais ne mettre en ligne que des documents qui me sont agréables. Et puis l’actualité oblige de répondre, et donc de traiter de choses déplaisantes – l’arrestation d’Ai Weiwei, le nucléaire, etc.
Même en se voulant conciliant, sur le plan culturel par exemple, je ne peux m’empêcher de pousser des coups de gueules. Prenons la cinémathèque française. Il y a ces jours-ci une rétrospective Stanley Kubrick. Or tout le monde connaît les films de Kubrick, ils passent sans arrêt à la télévision, sont diffusés en salles (sur une période de près de trente ans, j’ai pu voir à trois ou quatre reprises 2001 sur grand écran, idem pour Orange mécanique) et font l’objet d’un large partage sur Internet ; on se demande donc ce qu’ils peuvent bien foutre dans ce lieu-là. Serge Toubiana, dont on sait l’attitude abjecte vis-à-vis des salariés syndiqués – il les vire ! –, a-t-il l’ambition de faire entrer le site de Bercy dans le circuit des salles commerciales, a-t-il oublié la mission première de toute cinémathèque ? On ne va quand même pas lui adresser une liste des milliers de réalisateurs qui auraient autrement plus de raison d’être programmé à la place de Kubrick. Soit Toubiana fait son boulot, soit on le fout dehors !
Il n’y aurait que cela, mais non : en début d’année, ce sont les films d’Alfred Hitchcock qui étaient présentés à la cinémathèque ! Hitchcock, il est dix fois plus diffusé en France que Kubrick !…
Mais revenons à cette programmation. L’unique intérêt de cette opération bassement commerciale est de montrer le travail de graphistes contemporains autour de son œuvre (Kubrick et le Web). Ce choix prouve une fois de plus combien sa filmographie est totalement intégrée et rend inutile d’être montrée en ce lieu. Il suffit souvent d’un objet ou d’un symbole pour renvoyer à l’un de ses films (une bonne illustration se trouve ici) ; l’identification est presque aussi rapide qu’avec Star Wars (le casque d’un soldat de l’Empire, un sabre laser, une silhouette en ombre chinoise, etc.).
Plus important peut-être : des liens sont donnés avec le site des illustrateurs, on peut voir ainsi le reste de leur travail qui parfois est d’un intérêt supérieur à ce qui a été fait sur Kubrick.
Je vous fais grâce de l’ensemble des affiches (il y en a plus de 200 et elles méritent amplement une visite) pour ne garder que les dix qui concernent Lolita (1962, ici et là). Comme j’ai déjà traité des couvertures des différentes éditions du roman de Nabokov l’an dernier (entre autre ici, ici et là), c’est l’occasion de comparer les résultats.
De haut en bas : Daniella Echeverria, Dušan Vojnov, McLellan, Brandon Schaefer, Carlos Ramos, Rafal Rola, Joanna Jelly, David O’Daniel, Jason Cryer, Viktor Hertz.
Vous admettrez que c’est assez décevant – arrêtez le rose et les sucettes en forme de cœur ! En dehors des deux dernières, je ne vois rien de bien terrible.