Pour Monsieur M. P.
qui m’a fait découvrir J. M. Cameron
« Une ballade d’amour et de mort :
photographie préraphaélite en Grande Bretagne,
1848-1875 »
Au Musée d’Orsay jusqu’au 29 mai 2011
Comme l’exposition de Manet doit être blindée à mort, il faut en profiter pour se glisser dans celle, bien moins médiatisée, qui présente la photographie préraphaélite. De ce que j’ai cru comprendre, l’incontournable Lewis Carroll et la grande Julia Margaret Cameron sont de la partie (je n’ai pas la liste exacte des œuvres). Sans ces précurseurs, la photographie considérée comme un des beaux-arts n’aurait pas eu l’élan que, par la suite, le pictorialisme et la photographie du début du XXe siècle lui ont donné.
Étant donné qu’il n’est presque jamais question des Préraphaélites en France, on peut même dire qu’en dehors de Turner on se fiche complètement de ce que faisaient les Anglais au XIXe siècle en peinture*, c’est l’occasion d’aborder de manière originale un courant protéiforme où se sont illustrés le théoricien John Ruskin (traduit par Proust), le très engagé William Morris, les peintres Dante Gabriel Rossetti, William Holman Hunt, Edward Burne-Jones et John Everett Millais.
* Dans les collections d’Orsay, vous ne verrez que deux toiles de Burne-Jones et trois chaises de William Morris, ce génie méconnu… Notez que cela vaut aussi pour la Sécession viennoise et en règle générale pour tout ce qui n’est pas PHRANÇAIS.
Ce qu’il y a d’amusant avec le musée d’Orsay, c’est son côté grand retour en arrière, son nationalisme exacerbé : il y règne un sentiment anti-prussien aussi vif qu’après la défaite de Sedan et une anglophobie qui date de la Guerre de Cent Ans – et qui ne prendra fin que le 16 janvier 1964 avec le premier concert des Beatles à L’Olympia.
De haut en bas : œuvres de Benjamin Brecknell Turner, Henry Peach Robinson, Frederick Pickersgill, John Robert Parsons, Julia Margaret Cameron et last but not least Lewis Carroll.