Starship Troopers
Paul Verhoeven, États-Unis, 1997
À la sortie du film, Verhoeven, dont c’est le chef-d’œuvre, s’est fait traiter de fasciste par la critique américaine ! S’il y a un public au monde qui ne pouvait pas comprendre cette œuvre ou plutôt ne voulait pas la comprendre, c’est bien celui des États-Unis. Il y a deux ans, j’en ai parlé avec un ami américain et lorsque je lui ai livré ma lecture du film, il m’a regardé avec de grands yeux tout ronds : j’ai senti une incompréhension totale.
Comme Godzilla (Ishiro Honda, 1954) ne parle que de Hiroshima et du péril nucléaire, la dimension science-fictionnelle (une lutte interplanétaire) n’est ici qu’un prétexte pour dépeindre l’armée américaine pendant la guerre du Golf. Film de troufions, Starship Troopers montre le quotidien de militaires très avancés dans la débilité et l’infantilisme. Le racisme, un patriotisme exacerbé, le fascisme qui sous-tend chacun de leurs discours (quand ce ne sont pas les uniformes qui rappellent ceux de la SS) sont les autres caractéristiques de cette armée.
La dimension politique du film n’apparaît jamais plus clairement que dans les fausses séquences télévisées (Federal Network, c’est CNN couvrant la guerre du Golf avec son jingle et ses visuels). Comme dans Robocop, l’histoire est ponctuée de programmes télévisés sur la guerre en cours, c’est-à-dire de propagande. Le discours médiatique n’est pas plus épargné que celui des militaires, l’absence de distance et de sens critique y sont violemment pris à parti.
Démoralisant au possible, Starship Troopers est l’anti-Top Gun absolu.
Bandes-annonces : Starship Troopers (vostfr).
J’ai parcouru un article de Florian Betrencourt qui avance un point de vue assez similaire au mien, vous pouvez le consulter, il a fait plus d’effort d’écriture que moi. Je lui ai volé au passage quelques images.
Sur quelques films d’anticipation et de science-fiction (3)