Je découvre émerveillé la récente édition du Smile de The Beach Boys enregistré entre 1966 et 67. Tout ce que je peux en dire pour le moment, alors que je l’écoute quotidiennement, c’est que les bandes valent celles de l’album précédent Pet Sounds (1966) considéré par beaucoup, Paul McCartney et Bibi en tête, comme l’un des plus beaux disques de la musique populaire.
Inachevé, proposé aujourd’hui sous de multiples packages (du coffret archi-complet au double cd), ce que j’ai dégoté comprend plusieurs versions des chansons, des extraits des séances d’enregistrement, des bribes de dialogues, franchement, il y règne une certaine confusion. Or ce qui est donné à entendre est d’une grande densité, d’une infinie richesse dans la continuité de celle de Pet Sounds avec des passages de musique expérimentale, mais comme elle peut l’être avec Brian Wilson, c’est-à-dire sans se prendre au sérieux, pour jouer, dans le sens des jeux de l’enfance ou de celui des Inuits. L’ironie est d’ailleurs omniprésente, on songe à Satie. Dominent dans ces bandes les chœurs et les acrobaties vocales des Beach Boys, qui étaient leur marque de fabrique et qui prennent là une dimension exceptionnelle.
On y redécouvre deux des chef-d’œuvres du groupe : Heroes and Vilains et surtout le 45 tours Good Vibrations (un titre que les Beatles ont longuement médité avant de composer la face B d’Abbey Road en 1969), condensé du génie de Brian Wilson en trois minutes et trente-neuf secondes.
Soyons bref parce que j’en reste sans voix : il se dégage de cette œuvre une très grande beauté.