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Une réflexion de Flaubert

 

 

Joël Hubaut, dont il est beaucoup question ici, m’a envoyé cela.

 

« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. — Voilà la troisième fois que j’en vois — Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sous — Et j’ai entendu de jolis mots à la Prud’homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine que l’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète — Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère — Il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »

 

Gustave Flaubert, lettre à George Sand datée du 12 juin 1867 (extrait de la Correspondance, tome III, janvier 1859-décembre 1868, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, 1 744 p. Édition établie par Jean Bruneau.).

 

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