Extraits du dossier de presse
René Vautier. Cinéaste français né en 1928. Intègre les FFI, décoré de la Croix de Guerre à 16 ans. En 1946, René Vautier se présente à l’IDHEC où il est reçu premier à l’écrit, deuxième à l’oral. Durant ses études, il participe clandestinement à la réalisation de La Grande Lutte des mineurs, œuvre collective signée par Louis Daquin (1948). En 1950, en dépit de la censure française qui lui confisque une grande partie de ses bobines, il réussit à terminer Afrique 50, film commandé en 1949 par la Ligue de l’Enseignement et qui devient le premier film anti-colonialiste français. Le film lui vaut treize inculpations et une condamnation à un an de prison. Toute son œuvre constitue une réponse, souvent héroïque, aux injustices politiques de son temps, et une réflexion en images et en sons pour y remédier. René Vautier aurait réalisé environ 180 films, son œuvre, dispersée par les urgences de l’histoire, reste largement à identifier, retrouver et restaurer. En hommage à ce cinéaste majeur dont l’œuvre reste encore trop méconnue et sous-évaluée, Nicole Brenez et les Trois Lumières organisent deux Journées d’études consacrées au parcours et à l’œuvre de René Vautier, à l’Institut National d’Histoire de l’Art/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Pour réfléchir collectivement à cette oeuvre cruciale et aux différents problèmes qu’elle pose sur les plans historiques, esthétiques et patrimoniaux, un partenariat a été établi avec la Cinémathèque de Bretagne qui collecte, conserve et restaure l’œuvre de René Vautier.
Les Journées se tiendront à l’Auditorium de l’INHA les 3 et 4 septembre 2009 avec les présences et participations de René Vautier, Soazig Chappdelaine, Moïra Vautier et Alain Vautier (Directeur des antennes et des programmes du pôle France 2). Un programme de films de et sur René Vautier, dont l’exemple inspire une génération de jeunes cinéastes et vidéastes, ponctuera interventions et débats.
À l’occasion de ces Journées, sera monté et montré pour la première fois le film collectif de la rencontre entre Jean-Luc Godard et René Vautier, qui fut organisée le 4 novembre 2002 par les Ecrans Citoyens à l’Institut d’Art et d’Archéologie.
Le cinéma de René Vautier est un cinéma d’intervention autrement dit « un cinéma qui, reflétant une réalité sociale, est suffisamment intégré dans cette réalité pour influer sur l’orientation de son évolution » (René Vautier, Caméra citoyenne. Mémoires, Rennes, Editions Apogée, 1998.)
Sa lutte par les images contre toutes les formes d’oppression, politiques, économiques et culturelles (censure) n’a jamais cessé depuis Afrique 50. Combat contre le capitalisme (Un homme est mort, 1951, Anneaux d’or, 1955, Transmission d’expérience ouvrière, 1973, Quand tu disais, Valéry, 1976) ; contre le colonialisme et plus particulièrement la guerre d’Algérie (Une nation, l’Algérie, 1954, Algérie en flammes, 1958, J’ai huit ans, 1961, cor. Yann et Olga Le Masson, Avoir 20 ans dans les Aurès, Techniquement si simple et La Caravelle, tous trois en 1971, ainsi que l’enregistrement de nombreux témoignages sur la torture) ; contre le racisme en France (Les Trois cousins, Les Ajoncs, 1970, Le Remord, 1974) ; contre l’apartheid en Afrique (Le Glas, 1970, Frontline, 1976) ; contre la pollution (Marée noire et colère rouge, 1978, Hirochirac, 1995) ; contre l’extrême droite française (À propos de l’autre détail, 1984-88) ; combat en faveur des femmes (Quand les femmes ont pris la colère, co-r. Soazig Chappedelaine, 1977), combat pour la Bretagne, à laquelle il a consacré des documentaires (Mourir pour des images, 1971, Le Poisson commande, 1976). La Folle de Toujane, co-r. Nicole Le Garrec, fiction documentée, 1974, établit un parallèle en l’Algérie et la Bretagne.
L’objectif de la première journée sera de réfléchir collectivement sur des questions historiques : les problèmes de corpus et d’accessibilité aux documents qu’entraîne une oeuvre « d’intervention sociale » – dissémination des témoins, des films et des copies, pertes, destructions et conservation – œuvre pourtant vitale en termes de ce qu’elle propose comme archives pour une réécriture nécessaire de l’histoire officielle et sa transmission.
La deuxième journée sera consacrée à l’étude esthétique des films : la nature militante du cinéma de René Vautier s’appuie d’une part sur une extrême rigueur plastique, capable de faire au présent immédiat l’hommage de sa grandeur épique, et de l’autre sur une constante inventivité formelle, qui l’ont aidé à surmonter en toutes circonstances les difficultés pratiques liées à une œuvre « d’intervention sociale ». René Vautier représente, par ailleurs, l’archétype du cinéaste engagé, l’exemple de son courage intellectuel et physique a inspiré nombre de réalisateurs et techniciens ; il s’agira également de montrer pendant ces deux journées la fertilité et la pérennité du travail de René Vautier ainsi que l’influence prépondérante qu’il continue à avoir sur les jeunes réalisateurs d’aujourd’hui.
Le programme de ces journées est disponible ici.