Exposition à la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, qui s’achevait le 19 juillet 2009. L’œuvre graphique : aquarelles, lithographies, gravures, aquatintes, gravures sur bois, études, pastels, etc.
Camille Mauclair dans la Farce de l’Art vivant, avait proposé de la conduite de Fénéon l’interprétation qui suit :
« À l’origine du mouvement postcézannien, il y a eu des mystificateurs. Il y a eu Félix Fénéon, homme fin et intelligent, doux et poli, anarchiste paradoxal, qui se conduisit avec esprit et courage au Procès des Trente et, n’ayant pu jeter une bombe dans la rue, la jeta dans l’art : vendeur dans une grande Galerie, ce camarade, des premiers Indépendants valeureux n’était jamais si content que lorsqu’il avait pu coller pour un gros prix un magot à quelques naïfs. C’était “de l’argent bourgeois” qui rentrait – une façon de reprise individuelle : et Félix Fénéon adorait la blague à froid… Fénéon et Apollinaire se sont divertis à “monter le coup” à toute une génération. »
À quoi Fénéon répondit :
« Mauclair est peu raisonnable de croire qu’on puisse pendant des années, et quotidiennement, soutenir une attitude factice : l’ennui de la contrainte dépasserait trop le plaisir du jeu. Aussi, à le voir à l’œuvre depuis si longtemps, je refuse de croire que ce soit par feinte qu’il manifeste tant de niaiserie et d’ignorance : de toute évidence il est sincère, et je me plais à lui rendre ce cordial hommage. »
« Monsieur,
« Si je quitte, de mon plein gré, le Matin (et, d’ailleurs, tout journalisme), il n’est pas exact que j’aie sollicité la médaille du Matin. Je la préfèrerais sans doute à la Légion d’honneur et à la Toison d’Or, mais je n’ambitionne de me parer d’aucune médaille. Au surplus, il m’était trop pénible de prendre congé de ce journal pour que je fusse d’humeur à mêler à la conversation, toute cordiale, que j’eus avec M. Bunau-Varilla, la plaisanterie que vous m’attribuez.
« Veuillez agréer, etc.
« Cher Monsieur,
« Je suis tout à fait hors de la littérature. L’honneur que vous me proposez modifierait en apparence cette situation dont la netteté est le seul avantage. Je décline donc votre invitation à faire partie de ce comité – dont le prestige, au surplus, ne serait pas augmenté par ma présence. Mais je suis touché que vous ayez songé à moi au sujet d’une fête qui célébrera un Paul Fort que j’aime beaucoup et dont j’admire l’œuvre, et je vous prie d’agréer, cher Monsieur, mes sentiments les meilleurs.
Les Œuvres de Félix Fénéon
Précédé de « F. F. ou le critique » de Jean Paulhan
Paris, Gallimard, 1948, 480 p.
Tiré à part de la présentation de Paulhan :