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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 12:20

            

Dimanche, 23 Novembre 2008

 

Lorsque la cacophonie s’accorde pour traîner dans la boue une poignée de jeunes emmurés, il est très difficile de trouver le ton juste qui fasse cesser le vacarme ; laisser place à plus de vérité.


Certains médias se sont empressés d’accréditer la thèse affirmée par la ministre de l’intérieur dans sa conférence de presse, alors que les perquisitions étaient en cours : les personnes arrêtées étaient d’emblée condamnées.

 

Personne n’aura pu rater l’épisode de « police-réalité » que nous avons tous subi la semaine passée. L’angoisse, la peur, les pleurs nous ont submergés et continuent à le faire. Mais ce qui nous a le plus blessés, le plus anéantis, ce sont les marées de mensonges déversées. Aujourd’hui ce sont nos enfants, demain ce pourraient être les vôtres.

 

Abasourdis, nous le sommes encore, paralysés nous ne le sommes plus. Les quelques évidences qui suivent tentent de rétablir la vérité et de faire taire la vindicte.

 

Les interpellés ont à l’évidence bénéficié d’un traitement spécial, enfermés pendant 96 heures, cela devait faire d’eux des personnes hors normes. La police les suspecte d’être trop organisés, de vouloir localement subvenir à leurs besoins élémentaires, d’avoir dans un village repris une épicerie qui fermait, d’avoir cultivé des terres abandonnées, d’avoir organisé le ravitaillement en nourriture des personnes agées des alentours. Nos enfants ont été qualifiés de radicaux. Radical, dans le dictionnaire, signifie prendre le problème à la racine. A Tarnac, ils plantaient des carottes sans chef ni leader. Ils pensent que la vie, l’intelligence et les décisions sont plus joyeuses lorsqu’elles sont collectives.

 

Nous sommes bien obligés de dire à Michelle Alliot Marie que si la simple lecture du livre « L’insurrection qui vient » du Comité Invisible fait d’une personne un terroriste, à force d’en parler elle risque de bientôt avoir à en dénombrer des milliers sur son territoire. Ce livre, pour qui prend le temps de le lire, n’est pas un « bréviaire terroriste », mais un essai politique qui tente d’ouvrir de nouvelles perspectives.

 

Aujourd’hui, des financiers responsables de la plus grosse crise économique mondiale de ces 80 dernières années gardent leur liberté de mouvement, ne manquant pas de plonger dans la misère des millions de personnes, alors que nos enfants, eux, uniquement soupçonnés d’avoir débranchés quelques trains, sont enfermés et encourent jusqu’à 20 ans de prison.

 

L’opération policière la plus impressionante n’aura pas été de braquer cagoulé un nourrisson de neuf mois en plein sommeil mais plutôt de parvenir à faire croire que la volonté de changer un monde si parfait ne pouvait émaner que de la tête de détraqués mentaux, assassins en puissance.

 

Lorsque les portes claquent, nous avons peur que ce soient les cagoules qui surgissent. Lorsque les portes s’ouvrent, nous rêvons de voir nos enfants revenir.

 

Que devient la présomption d’innocence?

 

Nous demandons qu’ils soient libérés durant le temps de l’enquête et que soient évidemment abandonnée toute qualification de terrorisme.

 

PS : Nous tenons à saluer et à remercier les habitants de Tarnac qui préfèrent croire ce qu’ils vivent que ce qu’ils voient à la télé.

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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 07:32


Voici, pour commencer, le lien avec un reportage (AFP) montrant le barouf organisé le 29 novembre au Palais de justice de Paris au moment de la demande de remise en liberté des inculpés. Il y avait des amis, je les félicite et les embrasse en passant.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20081128.OBS3172/des_manifestants_expulses_du_palais_de_justice_de_paris.html?idfx=RSS_notr


On m’a signalé un texte, signé Échelle inconnue, que je trouve très bien et très juste. (Lire ci-dessous.)

http://www.hns-info.net/spip.php?article16245


Enfin, et c’est l’information la plus alarmante, vous trouverez le communiqué du comité de soutien de Bruxelles qui dénonce l’extension des tracas policiers jusqu’en Belgique. C’est l’application à la lettre des mesures antiterroristes dans l’espace Schengen. (Lire ci-dessous.)


Ajoutez à cela la récente mésaventure de l’ancien directeur de Libération, Vittorio de Filippis, arrêté chez lui aux aurores, interrogé dans un commissariat de police, livré à un juge, tout cela à cause du commentaire d’un internaute sur l’édition en ligne du quotidien, et vous comprendrez que la liberté d’expression est nettement visée ces temps-ci dans le pays de Sarkozy, puisque même leurs plus fidèles vassaux sont traités comme des chiens – alors qu’ils ont été épatants dans la couverture des arrestations de Tarnac, surtout Le Monde : de vrais porte-voix du gouvernement et du procureur.

 


Arrestation et perquisition chez des membres du Comité bruxellois de soutien aux inculpés du 11 novembre (blocage de TGV) 


- 25 novembre, 20 h : création à Bruxelles d’un Comité de soutien aux inculpés du 11 novembre arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les sabotages des TGV en France. Les neuf inculpés sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et cinq d’entre eux sont maintenus en détention provisoire après une garde à vue de 96 heures et une opération très médiatisées dans le petit village de Tarnac.  

-  27 novembre, 10 h 45 : lors d’un contrôle routier sous caméras de repérage, un membre du Comité fraîchement créé est interpellé à Bruxelles parce que la voiture qu’il conduit est signalée dans le fichier Schengen en raison de ses liens supposés avec l’enquête en cours en France.  Alors que lui-même ne fait l’objet d’aucun signalement de recherche, il est  immédiatement arrêté et menotté lorsque les policiers découvrent des documents relatifs au Comité. La voiture, un rétroprojecteur et tous les documents trouvés dans le véhicule sont saisis. L’automobiliste est emmené au commissariat de la rue Marché au Charbon et maintenu menotté à un banc et sans pouvoir manger de 11 h du matin à 20 h. Là, il est interrogé par des inspecteurs du Parquet fédéral au sujet du Comité. Ceux-ci veulent savoir notamment qui est le responsable de ce Comité. A 20 h, il est emmené avec trois voitures de police place du Jeu de balle où réside son amie au-dessus de la librairie « L’imaginaire », tenue par Philippe Simon également membre du Comité de soutien. 

- 27 novembre, 20 h 15 : sept inspecteurs du Parquet fédéral font irruption à « L’imaginaire », au domicile de Philippe Simon. Pendant deux heures, en l’absence de Philippe Simon, munis d’un mandat de perquisition sur lequel était mentionnées apparemment les infractions « association de malfaiteurs » et « détérioration en réunion », les policiers fouillent minutieusement l’appartement et copient tous les fichiers de son ordinateur pour finalement emporter celui-ci. Des revues politiques et des cd ont également été saisis.  

- 28 novembre, 1 h : le membre du comité est relâché mais la voiture, une liste d’adresse électronique et tout le matériel du Comité sont saisis.  Cette arrestation, cette perquisition et ces saisies laissent présumer qu’une procédure pour faits de terrorisme a été ouverte en Belgique en relation avec les événements français. S’organiser en vue de soutenir des personnes incriminées pour terrorisme est désormais criminalisé. Détenir des documents relatifs à un Comité de soutien est directement prétexte à arrestation, perquisition… La saisie des documents du Comité et d’un fichier d’adresses est inacceptable. Les adresses des personnes reprises dans le fichier saisi apparaissent dorénavant dans une enquête pour faits de terrorisme ! Ils peuvent craindre maintenant d’être poursuivis eux-mêmes. Philippe Simon et le membre du Comité de soutien arrêté se voient également, tous deux, associés avec l’enquête menée en France. Ceci est excessivement grave.    

Il y a clairement amalgame entre lutte politique et terrorisme. Le Comité de soutien bruxellois aux inculpés du 11 novembre s’est constitué non seulement pour obtenir la remise en liberté des personnes arrêtées en France mais également pour dénoncer les législations anti-terroristes qui prolifèrent partout en Europe. L’utilisation du terme « terrorisme » pour qualifier les idées portées par certaines personnes constitue une épée de Damoclès qui plane au-dessus de toutes les formes d’actions politiques et sociales. Cet incident en est une nouvelle preuve. Selon nous, les opérations de police de ce 27 novembre sont clairement une tentative d’intimidation à l’encontre du Comité de soutien bruxellois. Nous condamnons  catégoriquement ces pratiques. Nous exigeons la restitution immédiate des objets et documents saisis. Nous dénonçons à nouveau l’existence et l’utilisation de ces législations anti-terrorisme et nous réitérons notre demande de libération des inculpés français. 

Nous organisons un rassemblement et une conférence de presse ce mardi 2 décembre à 14 h devant l’Imaginaire, 30 place du Jeu de Balle (Marché aux puces) 1000 Bruxelles. 


Comité de soutien bruxellois aux inculpés du 11 novembre Soutien11novembre@bruxxel.org  

Pour information : www.soutien11novembre.org




Échelle inconnue
Délit de lire ! Désormais nous n’utilisons plus de fers à béton. Trop risqué
Lundi 24 novembre 2008


Nous sortions à peine des funérailles d’une date, 1968. Funérailles aux allures de veillée funèbre anglo-saxonne, blagues de potaches autour du cadavre pourri, pour ceux qui y avaient participé ou, funérailles en forme d’ultime balle dans la nuque pour se débarrasser définitivement de son souvenir pour les autres. On peut alors s’étonner de l’étrange duo auquel s’adonnent ceux, aujourd’hui au gouvernement, qui voulaient en finir avec 68 et ceux travaillant pour certains médias nés de cette date. Duo chanté, messe de résurrection du « groupuscule d’extrême gauche ».


Fabrication de coupables ? Non, d’ennemi. Ennemi politique nécessaire pour ceux qui pensent que la politique consiste à le désigner. Ennemi pratique. Important, mais juste une centaine. Anarchistes, mais de bonne famille. En réseaux internationaux, mais non organisés.


Que dire ? Des faits, rien. On se demande même s’il en fut. Un seul pourtant, l’arrestation de dix personnes dont nous partageons les idées, la colère, un certain goût pour le des-ordre et (c’est peut-être le plus risqué aujourd’hui) les lectures.


Ceux qui croyaient que le traitement médiatique de cette affaire allait leur en apprendre un peu plus sur cet espace particulier de l’alternative culturelle et politique, en sont pour leurs frais. C’est en revanche sur les (dys)fonctionnements et comportements politiques, médiatiques et policiers qu’ils en apprendront ; sur la dramaturgie mille fois répétée. Ici, le média n’est plus le conteur, l’historien, le metteur en scène. Il est, semble-t-il, la voix off d’une pièce écrite ailleurs à laquelle, de bon gré, il collabore. Le policier, lui, est à la fois acteur et souffleur. Viennent ensuite les personnages tiers, le spécialiste de la résolution des problèmes, l’analyste, hier spécialiste de l’extrême droite, aujourd’hui de L’UTRAGAUCHE. Rien de réel en somme, sourires télévisés de ministres et de dirigeants de la SNCF quand on engeôle, puis, des mots de journalistes, tous confondus, en forme de scoop péjoratif, groupuscule, etc.. Puis silence confus, sans revenir sur leur mot, un peu de doutes pourtant. Grâce aux médias on apprendra aussi que ne pas avoir de téléphone portable ou de connection Internet signifie entrer en clandestinité. Bref, que se soustraire à des possibilités de contrôles illégaux c’est ENTRER EN CLANDESTINITE. Voilà les conséquences directes du passage de main des RG à la DST. Et les syndicats qui s’enorgueillissent aujourd’hui de ne pas être responsables des « sabotages » le comprendront bientôt à leurs dépens.


Nous ne sommes pas ici pour disculper les interpellés du 11 novembre, ils s’en chargeront, leurs avocats aussi, mais pour instruire à charge. Non pas un corps : journaliste, flic, politique,mais instruire à charge ce qui les dépasse et les nourrit, « il sistema » disent les Napolitains en parlant de la mafia. « Il sistema » donc ; une fable à laquelle adhérer pour qu’elle vous nourrisse. Une histoire qui veut diriger nos vies.


Le hululement médiatique avait précédé de quelques jours la pleine lune. Le disque parfait finalement arrivé, le cri semble s’apaiser. Cependant, la meute en mal d’infos vendables était passée par les différents stades du dégonflement. À défaut de preuve, ne lui restait plus qu’à instruire à charge les malsaines lectures et écritures des interpellés. Ainsi, la lecture de certains livres semble être devenue un délit.


Et c’est comme un mauvais rêve de mauvais cinémas. Les personnages se réveillent. Ouvrent le journal, dans lequel ils voient peu à peu s’esquisser un portrait robot.

Ce portrait, c’est eux, c’est nous.

Nouvel ennemi.

Sa simple désignation, création ou interprétation sous le crayon policier suffit alors à légitimer la sphère politique traditionnelle dans son ensemble, son exercice de surveillance, de conditionnement, sa petite et mesquine guerre sociale organisée.


C’est un mauvais rêve.


Et voilà que nous nous réveillons avec un joli nom tout neuf (quoique) ULTRAGAUCHEANARCHOAUTONOME. Pour notre part, nous n’aimions déjà pas ARTIVISTES. Mais attention, pour participer à la fiction il y a des critères, des épreuves éliminatoires. La télé réalité politique fait son casting. De 25 ans à 35 ans.

Possédant un, deux, ou pire, tous les livres de Guy Debord, Blanqui, Gramsci, Gatti peut-être...

Ayant participé à un ou plusieurs G8 sans pour autant faire partie de la L.C.R. ou d’A.T.T.A.C.

Étant ou tentant de devenir anarchiste.

Croyant que la politique s’élabore et se pense mieux dans l’action que dans les réunions.

N’appartenant à aucune organisation politique ou syndicale.

Ne se regroupant pour travailler, réfléchir, agir ou même parfois manger que par affinités.

Tentant de mettre en accord sa vie et ses idées. Pire, de faire en sorte que chacune se nourrisse de l’autre.

Refusant la sectorisation sociologique et psychologique pour eux/nous-même, pour les autres.

Et le voilà, le bel et nouvel ennemi.

Eux/Nous.


Et si ça ne suffit pas, pour vous en convaincre, quelques images de manifestants à capuche lançant des cailloux. [1] Et si ça ne suffit toujours pas, alors on rejoue. On fait de la reconstitution pour le photographe, le cameraman, 11 novembre Pendant que là, un poilu, dodu et bien lavé, est en train de se faire panser le bobo par une infirmière avec, en voix off, l’absolution présidentielle des mutins fusillés en 14/18. Ici, c’est l’arrestation d’Action Directe que l’on rejoue. Il y a du flic à cagoule, de la voiture banalisée aussi. Il y a même le gentil voisin qui doit dire qu’il ne s’en doutait pas (mais là, le personnage de théâtre fera de la résistance et ne jouera finalement pas le rôle imposé) Ça ne suffit pas encore ? Il faut l’image de la ferme ! Celle de Rouillan ou celle de la Creuse d’ailleurs ? Plan large, au lointain. On ne peut pas s’approcher, la maison mord sans doute. On apprendra jusqu’à son prix d’achat 200 000 €, en même temps que l’extraction sociale d’un des membres, pardon, du chef : « bonne famille et pourtant anarchiste ». la trahison de classe ça ne se pardonne pas ! Ah d’ici qu’elle est belle, imprenable, la planque des dangereux ! Et des planques, il en faut, des maquis, des replis où penser, où agir. Pour nous ce fut l’art contemporain où, c’est bien connu, on vous laisse faire le sauvage. Seul espace, où, nous le confessons, à couvert, nous avons pu traiter et agir sur la ville AVEC ceux qui en étaient exclus. Mettre en place une parole, une pratique qui nous auraient valu une excommunication de la Maison de l’Architecture ou du Ministère de la Ville. Ici, à Tarnac c’est une maison, une épicerie et, sans y être jamais allés, nous supposons une bonne bibliothèque.


Devons-nous parler ici des génies du lieu, de la verticalité historique de certains points géographiques qui semblent pourtant dans une étrange poétique territoriale en dire assez long sur notre réel : Reims, Vichy, Tarnac.


Pour ces deux dernières villes, une époque d’horreur. Pour l’une l’horreur d’un gouvernement fasciste, pour l’autre l’horreur de la prison ou du camp qu’attendent le maquisard réfugié ici, le général Guingouin ou Gatti (rangés tous deux au rang d’anecdotes viriles par un journaliste de Libération). Et là, aujourd’hui, encore « guerre du rail ? », sabotage, terrorisme ? Bien que notre culture judiciaire soit quelque peu défaillante, nous le confessons, nous ne pouvons nous empêcher de nous étonner de la juxtaposition et, dans la bouche du pouvoir, de la synonymie de ces deux mots : sabotage / terrorisme. Quand, dans l’histoire de ce pays, ces deux mots furent-ils pour la dernière fois juxtaposés ? Quand, pour la dernière fois, ont ils conduit derrière les barreaux ?


Sabotage / Terrorisme. Sabotage = Terrorisme Mauvais souvenirs, ceux d’une époque qu’évoque immanquablement pour nous le nom de ces deux villes Tarnac/Vichy... Les temps brunissent.


On aurait tort de ne voir dans cette affaire qu’un problème de politique intérieure, un problème franco-français. Tort aussi de jouer le même jeu que celui des pouvoirs, la diabolisation. Diabolisation d’un parti, de son leader devenu président. Le problème est tout autre, plus grave, généralisé. Ce problème est un problème politique essentiel, européen pour le moins, occidental certainement. L’après-guerre a vu le marxisme devenir la colonne vertébrale de la pensée politique. On était pour. On était contre. On voulait réformer ce modèle. mais toujours on tournait autour. Et voilà que la guerre, qui, bien que froide, en était tout de même une, est perdue par le camp marxiste. Depuis, et cela ne date ni des dernières élections présidentielles ni de celles qui ont vu le Front national au deuxième tour, la colonne vertébrale de la politique est devenue, nous le craignons, le fascisme. On est pour. On est contre. On veut le réformer, l’intégrer, le dissoudre dans des programmes en agitant l’épouvantail, la menace ultime.


Non, ni des dernières élections ni de celles d’avant, ni... Souvenez-vous d’une étrange Europe : Aznar en Espagne, Berlusconi en Italie, Chirac en France, un fasciste en Autriche et l’extrême droite montante en Allemagne, en Belgique... Problème européen ? C’est certain. Occidental ? Sans doute. Cette affaire n’est en effet pas sans rappeler une autre, ailleurs, aux États Unis. Mêmes jeux de lois d’exceptions, promulguées pour faire face à la menace terroriste, mêmes aberrations, même manque de preuves, même refus des autorités politiques et judiciaires de faire marche arrière : l’affaire Steve Kurtz. [2]


Steve Kurtz est membre fondateur du groupe « Critical Art Ensemble ». Une nuit, sa femme décède d’une crise cardiaque. Il appelle les services sanitaires concernés et, comme le Patriot Act à l’instar de notre LSQ, prône la fusion des services, ce sont aussi les pompiers et les forces de police que Kurtz voit débarquer dans son logement. Le décès de sa compagne est constaté : crise cardiaque. Cependant, les policiers zélés (ou désoeuvrés) jettent un oeil curieux à la bibliothèque du couple et y découvrent d’étranges ouvrages, philosophie, politique, anarchie, science, certains parlent d’ADN. Une autre pièce ? Ils continuent, visitent : l’atelier. Dans cet atelier le matériel que Steve utilise pour son futur projet. Ustensiles rudimentaires permettant d’extraire l’ADN des produits de consommation courante. Ce sont alors des silhouettes de séries télévisées qui débarquent à son domicile. La rue est bloquée, des hommes en combinaisons blanches encagoulés eux aussi (notez la simplicité du code couleurs : capuches blanches pour les gentils, capuches noires pour les méchants) arrivent chez lui. Son matériel est saisi, ses livres sont saisis, son chat est saisi, le corps de sa femme est saisi. Patriot Act oblige. Il est en possession de matériels interdits, livres, éprouvettes, etc. Aussitôt incarcéré, il est accusé de conspiration terroriste. Ses avocats travaillent, il semble disculpé. mais, miracle des lois d’exception, on remonte à ce qu’il a pu écrire, à ses projets antérieurs. On l’accusera finalement de fraude postale puisqu’il envoyait des échantillons à son collaborateur vivant dans une autre ville des États-Unis.


N’en déplaise à nos compatriotes, participants à la course de côte vers le pouvoir, qui auront tôt fait de tirer leurs marrons du feu, d’utiliser les interpellations du 11 novembre à des fins électorales, « ce [problème] n’est pas limité au territoire malheureux de notre pays. Ce [problème] est un [problème] mondial... »


On nous accuse d’entretenir des réseaux, des contacts avec d’autres groupes dans d’autres pays, politiques, activistes, artistes etc. quand un réseau bien plus important, mieux organisé, structuré, plus puissant réuni 20 de ses membres dans une ville américaine sous son plus joli logo : G. 20.


C’est un espace compliqué que le nôtre, qui par nature tente de surpasser tout commentaire. C’est un travail sérieux que de tenter d’expliquer des parcours individuels qui tentent d’INCARNER des polyphonies d’alternatives culturelles et politiques. Des individus qui tentent dans un univers qui ne s’y prête pas, quand il ne l’empêche pas, d’accorder leur vie et leur pensée. Va pour ULTRAGAUCHEANARCHOAUTONOME si c’est pour expliquer que c’est le seul espace respirable, celui de la complexité politique, de l’expérimentation et de la créativité. Expériences multiples, types d’actions multiples, tentatives de tentatives, joyeuses souvent, pour voir changer le monde. Ici, une revue ; là, des participations alternatives aux manifestations ; ailleurs encore un travail de dénonciation ; plus loin, un autre d’intervention urbaine ; un groupe de rock ; une épicerie... Saboteurs ? Saboteurs nous le sommes, saboteurs symboliques d’abord. Saboteurs des pensées de reconduction du même culturel ou politique.


Expliquer ça ? Impossible, nous, le savions pour les pouvoirs (et nous ne parlons pas uniquement ici du parti au gouvernement mais de l’ensemble d’une classe politique cachant son indigence derrière le masque du réalisme statistique) ; impossible pour les grilles fermées des médias aussi, de leur nombre de signes, de leur comité de rédaction, de leur temps d’antenne et de leur pages de publicité à vendre. Impossible ! Il leur faut des repères... le plus simple ? Le chef. Il faut un chef, quitte à le fabriquer. A-t-on déjà vu des personnes vivant ou travaillant ensemble sans chef ? (Notons ici que le chef désigné est celui qui écrit, théorise. Pour une fois, contre toute attente, il semble que l’on reconnaisse à la culture et à l’intelligence un certain pouvoir. Imaginez un peu si celui qui nous gouvernait était toujours le plus intelligent ou cultivé...) Expliquer ça ? Impossible surtout quand le travail journalistique devient celui de perroquet policier. « l’ultragauche déraille » titre Libé. « Le titre est bon et apparemment justifié puisque l’accusation publique a été portée par la police, par le Ministère de l’Intérieur avec des éléments, notamment le matériel saisi à Tarnac » indique le rédacteur en chef [3], un « bréviaire anarchiste » (ISBN : 2-913372-62-7) [4] paru aux éditions la fabrique ) [5], des fers à béton [6], des pinces coupe-boulons [7]. Maigrelet, au vu du nombre de domiciles concernés. En fait d’autres éléments ont apparu, disparu au fil des dépèches, et selon les besoins en preuves massives pour étayer les déclarations...(oh ! des gilets pare-balles, oh ! des manuels de sabotage)]] avant de montrer du bout du doigt les précautions qui avaient été prises, puis la silhouette dans l’oeil rond de sa fenêtre présidentielle semble elle même pirouetter : « c’est peut-être l’ultra gauche mais si c’est un autre groupe, l’histoire qu’on raconte ne tient plus debout ». Voilà ! « L’histoire qu’on raconte » le grand récit, le même toujours . Avant d’ouvrir sur « l’opération politique », « sans doute » qui viserai muettement à créer l’amalgame entre Besancenot et la violence politique. Même là ! Il faut des repères, assurer dès maintenant le service après vente de l’affaire au cas où par malchance elle s’effondrerait. On notera aussi ici la perduration de l’historique lâcheté de groupes politiques comme la L. C. R ou le P. C. F. Leur condamnation aveugle et mal renseignée de toute action sortant de la tradition du tract, de la manifestation, ou de l’urne. On sera aussi assourdi par le traditionnel silence des milieux culturels et artistiques pourtant si prompts à nous demander de venir faire les gentils sauvages dans leurs églises.


Saboteurs ! Saboteurs ! Sapeurs peut-être. Voilà pourquoi jusqu’à nouvel ordre et pour que l’amalgame soit clair nous porterons en logo « l’objet/preuve » de la haute technicité de la dangereuse ULTRAGAUCHEANARCHOAUTONOME, soit, un crochet en fer à béton soudé.


Incarcérez ! Incarcérez ! Et vos prisons deviendront bientôt nos plus belles universités !


Pour les interpellés du 11 novembre, nous ne souhaitons rien d’autre que ce que nous souhaitons à tous : liberté et leur adressons un salut fraternel avec une pensée particulière pour l’un d’entre eux.


Stany Cambot,
Pierre Commenge,
Stéphanie Fernandez Recatala,
Christophe Hubert,
pour Echelle Inconnue

 

Notes

[1] France 2, par exemple, a réalisé de magnifiques pots-pourris d’images d’archives (anti-G8, anti-CPE, manifs diverses, et... des rues à New-York ? là ils manquaient de stock, c’était pour illustrer leurs participations à des « actions anarchistes violentes » rapportées par le FBI...)

[2] http://www.echelleinconnue.net/nouv...

[3] http://www.liberation.fr/medias/060...

Matériel saisi ? du fil de soudure, des « documents consignant les heures de passage des trains, commune par commune, avec horaire de départ et d’arrivée dans les gares » (des horaires de train ???) [[ http://www.lefigaro.fr/actualite-fr...

[4] http://www.liberation.fr/societe/01... . Disponible chez les « agitateurs d’idées » : http://livre.fnac.com/a1915451/Comi... comme en grande surface : http://librairie.auchandirect.fr/li...

[5] http://www.lafabrique.fr/article_li...

[6] http://www.leroymerlin.fr/mpng2-fro...

[7] à partir de 39.90e : http://www.castorama.fr/store/coupe...

 


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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 07:31

 

 

 

L’Amicale des études chinoises vous propose

Une rencontre avec le professeur Thierry Sanjuan, spécialiste des questions géopolitiques de la Chine :

« Le barrage des trois gorges »
三峡大坝
Objectifs et incidences

 

Vendredi 5 décembre 2008 à partir de 19 h 30
au Studio des Ursulines, 10 rue des Ursulines, Paris 75005
RER : Luxembourg

L’Amicale de chinois a le plaisir de vous convier à une rencontre avec M. Thierry Sanjuan, professeur de géographie spécialiste de la Chine (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, laboratoire de géographie PRODIG – www.geochina.fr). Avec lui, nous évoquerons les enjeux du dernier projet prométhéen de la Chine communiste : la construction du barrage des Trois Gorges. Après une introduction au sujet, M. Sanjuan répondra aux questions du public.

 

La rencontre sera précédée par la projection à 20 h du film
Still Life 三峡好人
de Jia Zh
āngkē 贾樟柯
(Chine, 2006, 108 min).

 

Prix d’entrée : 7,60€ / Tarif étudiant : 6,30€
Tarif préférentiel sur réservation : 5,00€
Il suffit d’envoyer un courriel avec votre nom complet à l’adresse : ven5dec@yahoo.fr
Le paiement et retrait des places réservées se fera au cinéma le soir même.

Association des anciens élèves et amis des langues orientales
2, rue de Lille, Paris 75007 – Tél. 01 49 26 42 63 www.ancienseleves.langues-o.net

 

 

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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 05:45


Publicité de John Lydon

(The Sex Pistols, Public Image Ltd)

pour British Butter. 

http://www.enjoycountrylife.co.uk/what-were-up-to.php#


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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 08:22

Messages du comité de soutien aux inculpés du 11 novembre

 

chers amis

Le comité de soutien aux inculpés de Tarnac va se réunir Dimanche le 23 Novembre à 16 heures à la salle des fêtes de Tarnac.

Quelques points à l'ordre du jour:
- Financement
- Prochains événements du comité
- Informations sur la situation

 

merci de diffuser l'information


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Des comités de soutien sont en train de se former dans différente villes (Rouen, Toulouse, Paris, etc.). Leurs contacts et évenements apparaîtront sur le site internet.


le site internet www.soutien11novembre.org est en marche.


comité de soutien aux inculpés de Tarnac

19170 le bourg

TARNAC FRANCE                                                               

TEL: 06 78 70 15 52

 

 

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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 05:39


Texte de pétition de Éric Hazan et les éditions La Fabrique au sujet de l’affaire des neuf inculpations de la mi-novembre. Il est possible de la signer en renvoyant votre nom et votre qualité (profession ou absence de profession, statut ou absence de statut) à l’adresse suivante : lafabrique@lafabrique.fr

 

Une opération récente, largement médiatisée, a permis d’arrêter et d’inculper neuf personnes, en mettant en œuvre la législation antiterroriste. Cette opération a déjà changé de nature : une fois établie l’inconsistance de l’accusation de sabotage des caténaires, l’affaire a pris un tour clairement politique. Pour le procureur de la République, « le but de leur entreprise est bien d’atteindre les institutions de l’État, et de parvenir par la violence – je dis bien par la violence et non pas par la contestation qui est permise – à troubler l’ordre politique, économique et social ».


La cible de cette opération est bien plus large que le groupe des personnes inculpées, contre lesquelles il n’existe aucune preuve matérielle, ni même rien de précis qui puisse leur être reproché. L’inculpation pour « association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste » est plus que vague : qu’est-ce au juste qu’une association, et comment faut-il entendre ce « en vue de » sinon comme une criminalisation de l’intention ? Quant au qualificatif de terroriste, la définition en vigueur est si large qu’il peut s’appliquer à pratiquement n’importe quoi – et que posséder tel ou tel texte, aller à telle ou telle manifestation suffit à tomber sous le coup de cette législation d’exception.


Les personnes inculpées n’ont pas été choisies au hasard, mais parce qu’elles mènent une existence politique. Ils et elles ont participé à des manifestations – dernièrement, celle de Vichy, où s’est tenu le peu honorable sommet européen sur l’immigration. Ils réfléchissent, ils lisent des livres, ils vivent ensemble dans un village lointain. On  a parlé de clandestinité : ils ont ouvert une épicerie, tout le monde les connaît dans la région, où un comité de soutien s’est organisé dès leur arrestation. Ce qu’ils cherchaient, ce n’est ni l’anonymat, ni le refuge, mais bien le contraire : une autre relation que celle, anonyme, de la métropole. Finalement, l’absence de preuve elle-même devient une preuve : le refus des inculpés de ses dénoncer les uns les autres durant la garde à vue est présenté comme un nouvel indice de leur fond terroriste.


En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu’à quel point allons-nous accepter que l’antiterrorisme permette n’importe quand d’inculper n’importe qui ? Où se situe la limite de la liberté d’expression ? Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont elles compatibles à long terme avec la démocratie ? Sommes-nous prêts à voir la police et la justice négocier le virage vers un ordre nouveau ? La réponse à ces questions, c’est à nous de la donner, et d’abord en demandant l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l’exemple.   



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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 05:24



« Manuel du parfait petit saboteur » (Marianne), « bréviaire anarchiste » (Libération), « manuel de l’insurrection » (Le Parisien) : L’Insurrection qui vient a les honneurs de la presse, ces jours-ci. Pourtant, lors de sa parution en mars 2007, cette presse avait été des plus discrètes, ce qui ne nous avait pas étonnés : nous avons l’habitude. Les journalistes ont commencé à s’intéresser au livre il y a bientôt un an, quand a débuté la construction policière de la « mouvance anarcho-autonome » : les exemplaires trouvés au domicile des personnes arrêtées ont aidé à bâtir les inculpations contre ces représentants du nouvel ennemi intérieur. Aujourd’hui, L’Insurrection qui vient est citée dans tous les articles sur « la cellule invisible », ses méfaits et ses membres supposés. On aurait pu espérer que les journalistes prendraient le temps de lire ce petit livre de 128 pages, mais ce sont des gens pressés : il est plus rapide et moins dangereux pour leur carrière de reprendre sans état d’âme excessif les communiqués de la police. Ceux qui ont lu le livre savent qu’il ne s’agit ni d’un manuel ni d’un bréviaire, mais d’un texte d’une originalité et d’une hauteur de ton exceptionnelles. Nous sommes fiers de l’avoir publié à la Fabrique et nous en assumons la responsabilité jusqu’à la dernière virgule.



Vous pouvez télécharger le livre sur le site de l’éditeur.


http//www.lafabrique.fr/



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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 05:08


Extrait de Siné Hebdo.


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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 04:51

 

L’Oulipo rendra hommage à François Caradec, jeudi prochain, le 27 novembre 2008, à la BNF, site Tolbiac (Paris XIIIe).


 

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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 16:49







































Photos prises le 9 novembre 2008.

À suivre : Dashanzi 798 Art Zone (III). L’art. 
 

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