« Ralph Rumney, La vie d’artiste »
Exposition du 19 novembre au 31 décembre 2010
Galerie Lara Vincy, 47 rue de Seine, Paris VIe
Je suis heureux d’annoncer ici une exposition de Ralph Rumney, un artiste dont l’œuvre demeure fort mal connue. Ralph a été l’un des cofondateurs de l’Internationale situationniste à Cosio d’Arroscia en 1957. Je peux témoigner qu’il est resté, jusqu’à son dernier souffle, fidèle à cet engagement.
Michèle Bernstein a rédigé un texte de présentation pour l’exposition que voici.
Je signale qu’un catalogue est à paraître aux éditions Allia ces jours-ci. J’y reviendrai.
Vernissage le 18 novembre 2010 à partir de 18h. J’ai signalé la précédente exposition de la galerie Lara Vincy, sur Gil Wolman, ici.
En écho à ce récent article sur Marcel Duchamp, voici une présentation de l’exposition qui s’est tenue au musée des beaux-arts de Rouen, en 1998-99.
Lettre d’André Breton à Edmond Bomsel
Présentation du site de vente :
Lettre autographe signée à Edmond Bomsel, 3 juillet 1961, Saint-Cirq Lapopie ; 2 pleines pages à l’encre, enveloppe conservée ; 21 x 14 cm. Et lettre de deux pages de Jean-Claude Fasquelle à André Breton.
Importante lettre relative aux démêlées de l’écrivain avec ses éditeurs. Breton n’a plus alors que 5 ans à vivre, sa position dans les lettres est éminente mais il doit toujours se battre comme un débutant pour défendre ses intérêts.
Dès son retour de New York après la guerre, Breton avait tenté de secouer ses éditeurs et de reprendre ses affaires en main. Le 11 décembre 1951, il avait adressé une lettre très sévère à Gaston Gallimard qui tardait à réimprimer les œuvres épuisées et se faisait tirer l’oreille pour payer les droits… Gallimard l’avait calmé en lui promettant la Pléiade (dont le premier volume sortira 22 ans après la mort du poète). En 1961, les rapports de Breton avec les éditeurs restent conflictuels. Il se fâche avec Jean-Claude Fasquelle (qui dirige les éditions du Sagittaire) et se tourne vers Jean-Jacques Pauvert et Claude Grégory, le directeur du Club Français du Livre. Breton, en rage contre Jean-Claude Fasquelle, prend ici conseil d’Edouard Bomsel, un bibliophile ami très au fait du milieu éditorial.
Source : une vente en cours sur eBay, ici.
Un bon exemple de la continuelle hostilité
de la presse vis-à-vis du surréalisme
Le Monde. Contrairement à une modernité pour qui le réel fut du côté de « l’impossible » (Georges Bataille) ou à fuir en toute urgence (le surréalisme), vous défendez une poésie accessible au monde. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Yves Bonnefoy. En passant par ceux mêmes que vous citez ! J’ai grande sympathie, en effet, pour l’âpre intensité avec laquelle Bataille a perçu – comme déjà Goya l’avait fait dans ce qu’on a nommé ses « peintures noires » – le dehors du lieu humain, cette nuit des vies qui s’entre-dévorent pour rien, dans l’abîme de la matière, ce néant. Mais s’effrayer de ce dehors, et aussi bien dans la personne qu’on est, ou que l’on croit être, n’est-ce pas que la conséquence de cet emploi des mots qui, cherchant à connaître les choses par leurs aspects quantifiables, en fait aussitôt autant d’énigmes ? Mieux vaut reconnaître dans la parole cet événement qui l’institua, le besoin d’établir avec d’autres êtres, ainsi reconnus des proches, un champ de projets et de partages. À bord de la barque dans la tempête mieux vaut ne pas s’inquiéter de l’horreur des hautes vagues, décider plutôt que cette barque, c’est l’être même, qu’il importe de préserver. Ce que le surréalisme, c’est-à-dire André Breton, qui fut à peu près le seul qui aura compté dans ce groupe, en tout cas pour la pensée, savait bien. Je m’étonne de vous entendre dite que le surréalisme a été une fuite « en toute urgence ». Jamais Breton n’a cessé de vouloir intervenir dans le devenir de la société. Et il l’a même fait sur le plan le plus immédiatement politique, et avec beaucoup de lucidité, dans une époque de toutes les illusions. Simplement rappelait-il qu’on va droit au désastre si on ne prête pas attention à des besoins de la vie dont le savoir conceptualisé, rationalisé, ne sait plus que le dehors. Alors que, croyait-il, le rêve en garde mémoire.
La source de cette question merdique (mais pas innocente), comme celle de l’élégante réponse, est ici. Je remercie Layla de m’avoir indiqué cet article.
Lettre d’André Breton à René Gaffé
Paris, le 16 mars 1930.
Cher Monsieur et Ami,
Il n’a été tiré d’exemplaires de luxe de Légitime défense et ceci ne correspond nullement à un oubli de la part de l’imprimeur ou de l’auteur. Le prix et la présentation plus que modestes du petit ouvrage dont vous possédez le manuscrit témoignent en effet de mon désir d’en faire une chose qui circule aisément, surtout entre des mains qui ne sont pas celles de mes lecteurs habituels. L’édition comprenait d’ailleurs, si je ne me trompe, cinq mille exemplaires, mais il se trouve qu’il n’en a été mis dans le commerce que quelques centaines et qu’à la demande du Bureau politique du Parti communiste français, j’ai détruit le reste au début de 1927. Légitime défense avait pour objet essentiel de préciser ma position et celle de quelques-uns de mes amis surréalistes à l’égard de l’action sociale, en général, du marxisme théorique et pratique en particulier. Dans mon esprit, il s’agissait aussi de dissiper l’équivoque assez grave résultant de la publication récente d’une brochure de Pierre Naville intitulée : La Révolution et les intellectuels. Que peuvent faire les surréalistes ? et qui concluait à l’impossibilité pour nous de résoudre un dilemme qui n’a cessé de se poser que beaucoup plus tard : comment passer de l’idéalisme absolu au matérialisme historique ? Cette question a été très longtemps agitée parmi nous, elle a fait l’objet de thèses contradictoires de la part des ressortissants de divers groupements, parmi lesquels : Clarté, Correspondance, Philosophies, La Révolution surréaliste. Elle est à l’origine de presque tous les rapprochements et de presque toutes les ruptures à plusieurs qui ont suivi.
La Lettre ouverte à Paul Claudel a été distribuée pour la première fois au Banquet Saint-Pol-Roux, à la Closerie des Lilas. La plupart des surréalistes assistaient à ce banquet, qui finit en bagarre, alors qu’on n’était encore qu’au poisson. Il n’existe pas non plus d’exemplaires de luxe de cette lettre.
Permettez, dont il a été tiré quelques exemplaires sur papier vert, a été adressé tout d’abord à quelques notabilités de Charleville ainsi qu’aux orateurs qui devaient prendre la parole à l’inauguration du nouveau buste de Rimbaud. Nous avions tout d’abord projeté de nous rendre à cette cérémonie dérisoire et d’endommager le monument.
Les Notes sur la poésie, simple réplique à un texte de Valéry, paru dans la revue Commerce sous le même titre. La première partie seule du texte de Valéry a été contredite par nous, selon le procédé utilisé par Isidore Ducasse dans les Poésies à l’égard d’un certain nombre de maximes célèbres. Ces Notes ainsi modifiées, ont paru dans le numéro 12 de la Révolution surréaliste. Presque toute la critique littéraire n’y a vu que du feu.
Hands off Love a fait l’objet d’un tirage à part en anglais. Ce manifeste est presque entièrement de la main d’Aragon.
Croyez, cher Monsieur, à mes sentiments très amicalement dévoués.
André Breton.
Petit rappel
« Quant aux mouvements actuels, pas un seul ne peut conduire à une véritable rénovation ou création. Ni le dadaïsme, ni le surréalisme qui ont un seul sens : pédérastique. »
Paul Claudel,
« Une interview de Paul Claudel à Florence » in Comœdia (17 juin 1925).
« Notre activité n’a de pédérastique que la confusion qu’elle introduit dans l’esprit de ceux qui n’y participent pas. Peu nous importe la création. Nous souhaitons de toutes nos forces que les révolutions, les guerres et les insurrections coloniales viennent anéantir cette civilisation occidentale dont vous défendez jusqu’en Occident la vermine. »
Lettre ouverte à Monsieur Paul Claudel.
La lettre à René Gaffé est extraite du catalogue de vente Bibliothèque d’un amateur : surréalisme, livres et documents, Paris, Drouot, 23-24 mars 1981.
Vous trouverez d’autres extraits de la correspondance d’André Breton ici, ici et là.
Encore une excellente initiative du site surréalisme Montréal.
J’ai évoqué ici d’autres de leurs numérisations.
« La boîte en valise de ou par Marcel Duchamp
ou Rrose Sélavy »
Par Mathieu Mercier aux Éditions Anabet
Le site des éditions est là. La photo du haut est signée L. Dualas. Vous pouvez voir cette installation à la vitrine de la librairie « L’Écume des pages », 174, boulevard Saint-Germain (à côté du Flore) à Paris.
Collages et photographies
Politique, architecture, nus et mode
de la fin des années 1910 aux années 60
Je me suis très généreusement servi sur le site, ici et là, de la galerie Modernism, dont les locaux se trouvent à San Francisco. Elle présentera à partir du jeudi 4 novembre et jusqu’au 22 décembre 2010 des photos de mode d’Erwin Blumenfeld.
Il a déjà été question de Modernism ici à propos de Villeglé.
Presentación del editor:
Poeta, boxeador, dandy (“cuando veo a alguien mejor vestido que yo me escandalizo”), viajero compulsivo, ladrón, falso marchand, maestro de la invectiva y provocador magistral, quizás la única actividad que Arthur Cravan desarrolló insistentemente a lo largo de su vida fue la del escándalo. Sobrino de Oscar Wilde, participa del linaje de escritores que han hecho de su vida la primera y mayor de todas las artes. Maintenant recopila los cinco números de la revista de la que Cravan fue editor y único redactor entre 1912 y 1915, y en la que arremete sin piedad contra algunas de las personalidades artísticas más respetadas de su tiempo. Esa potente alquimia que en un solo golpe reúne la crítica despiadada, la ironía y el arte del pugilato anunciaba ya el tono provocador característico de dadaístas y surrealistas. El volumen se completa con un conjunto de crónicas y testimonios de Duchamp, Trotsky, Breton y Picabia, entre otros, que capturan la extravagante vehemencia de sus apariciones públicas (su combate con el campeón mundial de los semipesados Jack Johnson, sus performances-escándalo en los salones de arte de París y Nueva York), esa nueva forma del arte que inventó el primer punk del siglo XX.
Traducción y prólogo: Mariano Dupont. Octubre 2010. 144 páginas.
Présentation de l’éditeur :
Isidore Isou est arrivé à Paris de la Roumanie en 1945 où il a fondé le mouvement Lettriste et publié une série de livres. Le lettrisme a tenté de décomposer la poésie en lettres et syllabes afin de reconstruire de nouveaux langages, et s’attaqua ensuite à tous les formes d’art. Le Traité de bave et d’éternité est le premier manifeste cinématographique du mouvement. Isou l’a montré à Cannes sans invitation, où il a gagné le prix d’avant-garde du public. L’affiche signée Jean Cocteau annonçait la sortie sur les Champs-Elysées. Ce film est pour Isou une « révolution contre le cinéma » : le son et les images sont désynchronisés exprès, et les images sont détruites par l’eau de javel et rayées. Le film marque un point charnière dans le cinéma, préfigurant tout le cinéma lettriste et situationiste à venir dont les films de Guy Debord et Maurice Lemaître.
« Le plus grand cinéaste de tous les temps… ISOU est le chef de notre génération. » Maurice Lemaître, Ur.
Traité de bave et d’éternité (1951) est disponible chez l’éditeur Re:voir, le lien est ici.