« L’un des navires de la flottille a été “saboté” »
À bord de la flottille, par Élise Barthet, 28 juin 2011
L’information nous est parvenue discrètement hier soir : l’un des dix bateaux de la flottille, le navire gréco-suédois, a été « saboté » pendant la nuit de dimanche à lundi dans le port d’Athènes. D’après un communiqué envoyé à l’aube par les organisateurs, ce sont l’hélice et l’arbre de transmission du navire qui ont été touchés. Une vidéo sous-marine montrant les dégâts a été publiée sur le site Freedom Flottilla.
« Les saboteurs ont utilisé du matériel sophistiqué, pas des scies à métaux, observe Thomas Sommer-Houdeville, membre du comité de pilotage de la flottille. Les incisions sont nettes, longues de 3 à 4 cm, profondes de 8 mm et larges de 5 mm. » Les Grecs ont réalisé que leur navire était endommagé quand ils ont allumé le moteur. Selon le militant français, « une hélice est tombée et l’autre s’est tordue ».
Alors que la date du départ ne cesse d’être repoussée, la nouvelle a de quoi inquiéter les délégations. Selon Laura Convert, la coordinatrice de la campagne française à Athènes, « les réparations pourraient prendre deux ou trois jours ». Et c’est sans compter sur les tracasseries administratives auxquelles sont confrontés trois des navires de la flottille.
Pour prévenir tout acte de malveillance, sept Français ont passé la nuit dernière à veiller sur le Louise Michel. À voir leurs yeux fatigués ce matin au petit déjeuner, l’inquiétude et le manque de sommeil commencent à se faire sentir.
Malgré tout « notre détermination à naviguer vers Gaza reste inébranlable, précise leur communiqué. D’ici peu nous prendrons la mer. Nous condamnons ces pratiques contraires au droit. Il serait inacceptable que les États de l’Union européenne tolèrent cette attaque contre la flottille de la liberté. »
« Un deuxième bateau de la flottille vers Gaza saboté »
Le Monde du 30 juin 2011
Un bateau irlandais de la flottille vers Gaza a été saboté dans le port turc de Gocek, a affirmé jeudi 30 juin à Dublin le comité irlandais parrainant le navire, accusant Israël d’être derrière l’opération.
Les militants propalestiniens de 22 pays ont prévu de se retrouver « jeudi ou vendredi » au large de la Crète (sud de la Grèce) pour partir livrer de l’aide humanitaire au territoire palestinien au moyen d’une dizaine de bateaux. Israël s’est déclaré à plusieurs reprises « déterminé » à arrêter cette deuxième flottille, qui compte au total près de 300 militants issus de 22 pays ainsi que 35 journalistes, selon les organisateurs.
Les organisateurs accusent Israël
Équipage et activistes confondus, 25 Irlandais et Nord-Irlandais devaient embarquer à bord du Saoirse (« liberté » en gaélique). Le bateau a été « victime d’un sabotage […] dans le port turc de Gocek, où il mouillait depuis quelques semaines », a déclaré le comité organisateur, ajoutant qu’« Israël doit être considéré comme le principal suspect ». « Israël est le seul susceptible d’avoir conduit cette opération et le gouvernement irlandais et les autorités d’Irlande du Nord doivent insister pour que les auteurs de cet acte de terrorisme soient traduits devant la justice », a indiqué Fintan Lane, chef du comité d’organisation.
Le premier ministre irlandais, Enda Kenny, avait mis en garde mercredi Israël contre « toute action qui pourrait blesser » des militants prenant part à la flottille. Devant le Parlement, il avait insisté pour que ne se répètent pas les incidents de mai 2010. Un commando israélien avait alors tué neuf passagers turcs d’un des navires d’une première flottille qui cherchait à briser le blocus maritime actuellement imposé à la bande de Gaza, soulevant une vague de réprobation internationale.
Le parti nationaliste irlandais Sinn Fein a exigé dans un communiqué du premier ministre Enda Kenny qu’il « demande immédiatement des explications au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ». « Si les affirmations des activistes s’avèrent fondées, alors les responsables sont coupables de sabotage et de mise en danger de la vie de ressortissants irlandais », a poursuivi le Sinn Fein. À défaut de réponse israélienne, « comme c’est probable, » M. Kenny « devrait demander l’ouverture d’une enquête immédiate en coopération avec le gouvernement turc ».
L’arbre de transmission endommagé
L’un des membres de l’équipage du Saoirse, l’ancien international de rugby irlandais Trevor Hogan, a déclaré jeudi à la RTE que si le sabotage n’avait pas été détecté il aurait eu pour conséquence « d’entraîner le naufrage du navire, en provoquant très certainement la perte de vies humaines ».
Le comité organisateur irlandais a indiqué que l’arbre de transmission avait été endommagé. Il a présenté des photographies à l’appui de ses dires, lors d’une conférence de presse à Dublin jeudi en fin de matinée. Selon lui, l’avarie provoqué intentionnellement serait « très similaire » à celle qui aurait endommagé le Juliano, un autre navire de la flottille, en Grèce. Le Juliano transporte des militants suédois, norvégiens et grecs.