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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 14:34

 

 

 

 

Religion et société en Chine ancienne et médiévale
Sous la direction de John Lagerwey

 

Cerf/Institut Ricci, 2009.
23,5 x 14,5, 736 p., 54 €.

Présentation de l’éditeur

Ce livre raconte pour la première fois l’histoire de l’émergence de la religion chinoise – une religion qui devait avoir par la suite plus d’adeptes que toute autre religion au monde. Faisant appel aux données de l’archéologie, à la philosophie, à la littérature, les articles rassemblés ici donnent une vue d’ensemble de la société chinoise dans ses aspects religieux et symboliques, au cours de deux millénaires : depuis la haute antiquité des Shang (-1570) jusqu’à l’avènement en 589 de la dynastie Sui.

John Lagerwey (EPHE) a rassemblé les meilleurs spécialistes français et étrangers qui renouvellent notre lecture des textes traditionnels, notamment avec l’étude de tombes récemment découvertes, de l’évolution des rituels sacrificiels, du chamanisme et des pratiques de culture de soi.

Dieu suprême (« di »), ancêtres royaux, Ciel, Grand Un (« Taiyi ») : l’humanité chinoise ne cesse de s’inventer un idéal d’unité, alors que se succèdent périodes d’unification et de division politique. Finalement, « la Chine n’aurait probablement jamais retrouvé le chemin de l’unité si elle n’avait été “conquise” par le bouddhisme ».

Au seuil du XXIe siècle, cette tradition religieuse n’a pas encore dit son dernier mot. Ce livre vient à temps nous inviter à réfléchir, maintenant que la Chine est à nos portes.


For the first time, this book tells the story of the emergence of Chinese religion, which was later to boast more adepts than any other religion in the world. Drawing on archaeology, philosophy and literature, the articles assembled here give a global view of Chinese society in its religious and symbolic facets over a period of two thousand years: from the ancient Shang dynasty (1570 B.C.) to the advent of the Sui dynasty in 589 CE.

John Lagerwey (EPHE) has assembled the finest French and foreign specialists to renew our understanding of traditional texts (especially in the light of studies of recently discovered tombs); the evolution of sacrificial rites; shamanism and practices of self-perfection.

Supreme God (‘di’), royal ancestors, Heaven, Ultimate Unity (‘Taiyi’): the Chinese have constantly invented ideals of unity, as periods of political division and unification went by. Ultimately, “China would probably never have rediscovered the way to unity if it had not been ‘conquered’ by Buddhism”.

On the threshold of the 21st century, this religious tradition has not yet said its last word. This book arrives at an opportune moment to invite reflection, when China is knocking on our doors.

Table des matières


John Lagerwey : Introduction générale

Première partie
LA CHINE ANTIQUE
(1570 AV. J.-C. - 220 APR. J.-C.)

     
Alain Thote : « Les pratiques funéraires Shang et Zhou : interprétation des vestiges matériels »
Olivier Venture : « La pyro-ostéomancie sous les Shang et les Zhou occidentaux : formation et évolution d’une pratique rituelle royale »
Marc Kalinowski : « La divination sous les Zhou orientaux (770-256 avant notre ère) »
Jean Levi : « Le rite, la norme, le Tao : philosophie du sacrifice et transcendance du pouvoir en Chine ancienne »
Catherine Despeux : « Culture de soi et pratiques d’immortalité dans la Chine antique des Royaumes combattants aux Han »
Rémi Mathieu : « Les “wu” : fonctions, rites et pouvoirs, de la fin des Zhou au début des Han (env. Ve-env. Ier siècle). Approche d’un chamanisme chinois »
Marianne Bujard : « Cultes d’État et cultes locaux dans la religion des Han »
Michèle Pirazzoli-T’Serstevens : « Autour de la mort et des morts : pratiques et images à l’époque des Qin et des Han »

 

 

Deuxième partie
LA PÉRIODE DE DIVISION
(221-589)      

 

John Lagerwey : « Religion et politique pendant la période de Division »
Sylvie Hureau : « Production et dissémination de textes bouddhiques : traductions et apocryphes »
John Lagerwey : « Littérature taoïste et formation du Canon »
Sylvie Hureau : « Les rites bouddhistes »
François Martin : « Les bouddhistes laïcs, leurs idéaux et leurs pratiques »
John Lagerwey : « Le rituel taoïste du IIe au VIe siècle »
Françoise Wang-Toutain : « Entre spéculation métaphysique et dévotion. La doctrine bouddhique en Chine avant le VIIe siècle »
Catherine Despeux : « Pratiques bouddhiques et taoïques du IIIe au VIe siècle (221-581) »
  

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 14:29

« Le programme ornemental de la tombe de l’empereur Qianlong »
par Françoise Wang
 

Le 22 octobre 2009
à 18 h 30
Au Centre culturel français 

Sinologue et tibétologue, Françoise Wang est chercheur au CNRS.

Spécialisée dans l’étude du bouddhisme, elle a participé à l’inventaire des manuscrits de Dunhuang conservés à la Bibliothèque nationale de France. Elle travaille aujourd’hui sur les interactions entre bouddhisme chinois et bouddhisme tibétain et sur l’utilisation de l’écrit dans l’architecture religieuse bouddhique.


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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 17:09

Pour fêter le cinq centième envoi et bientôt le cap d’une année d’activité de ce blog, né le 19 octobre 2008, je voudrais reprendre quelques photos des premiers temps, alors qu’elles apparaissaient encore en petit format.

Comme il y a beaucoup de choses à présenter, je ferai plusieurs envois.





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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 21:39

 

 

 


La 4e édition se déroulera du 22 septembre au 6 octobre 2009 au cinéma Gaumont Opéra Capucines, Boulevard des Capucines.

 

Le programme complet et un dossier de presse sont disponibles sur le site.


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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 15:49

Le photographe anglais expose à la galerie Paris-Beijing
Vernissage le 12 septembre à 798 Art District



Le site de la galerie.



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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 23:42



J’aime l’esthétique de Chen Jiagang, qui est commune à un bon nombre de ses contemporains, des cinéastes de fiction et de documentaire, de Jia Zhang Ke à Wang Bing, des photographes tel Edward Burtynsky – ils partagent le même galeriste à Pékin (Paris-Beijing) et ce n’est évidemment pas un hasard.

J’aime sa technique, ses formats géants, encore un point commun avec Burtynsky, comme si pour rendre les paysages désolés, les aires abandonnées de la Chine contemporaine ou ses usines, ces artistes se devaient d’employer les plus grandes tailles possibles et les observateurs des superlatifs à n’en plus finir (cyclopéens, géants, monstrueux ; on en vient à puiser dans la mythologie grecque).





Au moment d’achever ces lignes, je lis sur le site de la galerie Paris-Beijing que la maison s’apprête à ouvrir une adresse dans la capitale française, rue du Vertbois, tout à côté d’ici, à la mi-octobre ! Et avec quel photographe, s’il vous plait ? M. Chen himself. Ce qui veut dire que je reparlerai du relais parisien de cette excellente et consciencieuse équipe – la seule qui se tienne à 798 ? –, ainsi que de ce photographe, très bientôt.

J’ai montré des images d’Edward Burtynsky ici et celles de Floriane de Lassée .

Le site de la galerie Paris-Beijing.



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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 20:13



« Ai Weiwei, l’art de la provocation »

Le Monde du 7 septembre 2009


Son nom est plus connu du grand public chinois pour sa participation au design du Nid d’oiseau, le stade olympique de Pékin. Mais ce dont Ai Weiwei est le plus fier, c’est ce mouvement citoyen qu’il organise depuis sept mois autour des écoles effondrées lors du séisme du Sichuan. Des bénévoles recueillent les noms des enfants disparus, et rencontrent les parents, qui enragent de ne pas obtenir justice.


Parcours

Ils jouent à cache-cache avec la police secrète, se font embarquer en pleine nuit. « Nos actions font comprendre à tous ces jeunes gens dans quel système on vit », philosophe Ai Weiwei. Il y a des étudiants, et même, dit-il, un monsieur de 80 ans. Ils sont une cinquantaine au Sichuan et environ 200 à se relayer à Pékin pour trier les données obtenues, au quartier général de l’artiste, sa résidence-galerie à Caochangdi. Des parallélépipèdes minimalistes de brique grise sont disposés en « U » autour d’une pelouse hérissée de menhirs violet irisé. Il a dessiné lui-même l’endroit, comme d’ailleurs une demi-douzaine d’autres galeries de ce village aujourd’hui branché de la banlieue pékinoise.

Invité il y a quelques années à tenir « un blog de célébrité » sur le portail Sina, l’un des plus fréquentés de Chine, Ai Weiwei s’est vite pris au jeu. À l’été 2008, quand Yang Jia, 28 ans, tue à l’arme blanche six policiers dans le quartier général de la police d’un arrondissement de Shanghai, l’Internet chinois s’embrase pour ce jeune homme, considéré comme un justicier, qui avait été victime de violences policières. Ai Weiwei écrira 70 articles sur l’affaire, qui vire au procès des abus de la police et de la justice. Son blog atteindra 10 millions de lecteurs.

Depuis, l’artiste ne laisse rien passer : quand il apprend que tout ordinateur vendu en Chine à partir du 1er juillet devra être doté d’un logiciel intégré de censure, Ai Weiwei lance un boycott de l’Internet pour le jour J. Un cadre du parti du Henan, risée des internautes, a-t-il truqué sa photo officielle en plaquant la chevelure et le buste de Hu Jintao, le président chinois, autour de son propre faciès ? Ai Weiwei fait de même avec son visage d’ogre barbu, et diffuse en ligne le triptyque de photos : du pop art à l’ère du blog. Immédiat, jetable, pertinent et percutant. « C’est la manière la plus excitante pour moi de faire de l’art. Ça ne servait à rien de lancer en l’air de belles idées, c’est beaucoup plus efficace de s’attacher à des cas concrets, auxquels les gens réagissent. Les responsables du gouvernement ne savent plus où se mettre. »

Jamais une personnalité aussi célèbre n’aura dénoncé aussi ouvertement, et avec une audience aussi large, les mensonges officiels, petits et grands. « C’est un pionnier, comme artiste », dit de lui Zhang Rui, un jeune peintre qui fait partie des bénévoles mobilisés. « C’est un vrai citoyen qui assume ses responsabilités de personnalité connue. »

Le militantisme d’Ai Weiwei exaspère une petite faction d’internautes chauvins. À ceux qui le disent américain, il répond en scannant son passeport chinois et en le diffusant sur son blog. Il y a quelques mois, un de ses amis galeriste de Caochangdi, un brin sarcastique, nous le décrivait comme un pacha qui envoie ses assistants au casse-pipe. Depuis, le ton a changé : ses amis et ses proches s’alarment de voir l’étau se resserrer autour de lui.

En avril, des pages de son blog sur Sina sont effacées. Puis le blog cesse d’exister. Sina n’a même pas prévenu l’intéressé, qui veut engager des poursuites. Il a donc ouvert un autre blog, sur un serveur étranger, le seul accessible désormais. Puis sont venues les écoutes, les filatures, la visite de policiers en civil chez sa mère, âgée de 76 ans. Furieux, Ai Weiwei les rencontre, exige de voir leur carte d’identification, et appelle la police.

Les policiers de Chengdu, il y a quelques semaines, ont été plus radicaux : le trublion était dans la capitale du Sichuan pour témoigner en faveur de Tan Zuoren, un militant qui a entrepris comme lui de répertorier les victimes des écoles du Sichuan, mais qui a été arrêté en 2008 pour subversion. Le jour du procès, le 12 août, Ai Weiwei et un groupe de témoins sont réunis à l’hôtel quand une trentaine de policiers pénètrent en force dans sa chambre, rossent la petite troupe et la retiennent sur place. Le procès a donc eu lieu, mais sans les témoins. Rentré à Pékin, Ai Weiwei a diffusé l’information sur Twitter, le site de micro-blogging.

La paranoïa des dirigeants chinois et les méthodes de la Sécurité nationale l’exaspèrent. « Ils refusent d’engager un dialogue direct avec quiconque et ne savent qu’agir en cachette », s’emporte-t-il. Il doit sa lucidité et sa mobilisation au passé tumultueux de sa famille. Dans les années 1930, son père, le poète Ai Qing, emprisonné par le Kuomintang à son retour de France, sera, avec ses textes qui parlent de liberté et de justice, fêté par la Chine communiste, dont il embrasse les idéaux avec enthousiasme.

Mais dès 1957, année de naissance d’Ai Weiwei, il est désigné comme droitier pour avoir publié une satire sur l’attitude des cadres du parti. Ai Qing, sa femme Gao Ying, également poétesse, et leurs enfants sont envoyés dans une ferme collective du Xinjiang, l’extrême ouest chinois. La vie, extrêmement dure, devient infernale quand, au milieu des années 1960, survient la Révolution culturelle : pendant cinq ans, du matin au soir, le poète nettoie les toilettes. Les brimades sont permanentes.

Un soir, après une de ces réunions de masse, théâtre d’autocritiques forcées et d’insultes, son père est rentré tout noir. On lui avait versé un sceau d’encre sur la tête. « Comme on n’avait pas de savon, il est resté des semaines comme ça. Les gens pouvaient descendre incroyablement bas. Personne ne remettait en question ce qu’ordonnait le parti », raconte l’artiste.

Après la mort de Mao en 1976, la famille revient à Pékin et est réhabilitée. « C’est comme si on nous avait dit : il ne s’est rien passé, c’est juste une erreur. On se retrouvait de nouveau dans une sorte d’élite. Cela me mettait très mal à l’aise. » Ai Weiwei participe au groupe d’artistes provocateurs Xingxing (« les étoiles »), qui sera vite interdit d’expositions. Inscrit à l’Institut du cinéma, mais dégoûté par le régime, il rejoint les États-Unis en 1981. Il vit de petits boulots, découvre Jasper Johns et Andy Warhol, et s’ouvre à toutes les expérimentations.

En 1993, son père est malade, et Ai Weiwei revient dans cette Chine qui recommence à respirer, quatre ans après le massacre de Tiananmen. Il écrit des livres sur l’underground artistique local, organise l’exposition « Fuck Off » à Shanghai, brise tabous et antiquités dans des installations iconoclastes.

Via son blog, ou encore Twitter, Ai Weiwei s’exprime désormais sur tout : la liberté, le mensonge, le Tibet, la mémoire, la police secrète… Le salut, croit-il, va venir de l’Internet et de la nouvelle génération, des jeunes capables de se forger eux-mêmes une opinion. Eux lui rendent bien cet éloge. Sur Internet, ils le surnomment « Ai Weilai ». Un jeu de mots, qui signifie, littéralement, « celui qui aime l’avenir ».

Sur le Web : www.bullogger.com/blogs/aiww/

Brice Pedroletti


1957
Naissance à Pékin (Chine).

1978
Rejoint le groupe artistique Xingxing (Les Étoiles), qui sera interdit.

1981
Part aux États-Unis et découvre l’art conceptuel.

1993
Retour en Chine.

1999
Invité à la Biennale de Venise.

2000
Participe à la conception du Nid d’oiseau (le stade olympique de Pékin).

2008
Lance sur son blog un « Journal d’enquête citoyen ».

2009
Fermeture de ses blogs sur les serveurs en Chine, déjoue la censure avec Twitter.




Lire aussi, toujours sur le site du Monde, un premier article très récent, Ai Weiwei malmené par la police chinoise.

Assez présent dans ces pages, Ai est ici, , et encore ici.

La première photo est signée Hafenbar (Kassel, Documenta 12, 2007), elle est disponible sur Wikipédia.


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5 août 2009 3 05 /08 /août /2009 17:14


Faurschou Beijing
Ai Weiwei

World Map
Du 5 septembre au 20 décembre 2009


In the fall Faurschou Beijing will be hosting a solo show with internationally acclaimed artist Ai Weiwei.

Politically frank and aesthetically poignant, Ai Weiwei’s works deal with Chinese history and contemporary society. His formal practice changes in form and the materials deployed according to the diversity of activities his art embraces.

Influenced from his early career by Dada, Duchamp, Jasper Johns, and Andy Warhol, Ai Weiwei’s works have been based on a conceptual approach – on installation and sculpture.

The socio-political and economic climate of contemporary China most often serves as starting point for Ai Weiwei’s art, and he uses local materials and resources like reclaimed wood from traditional Chinese houses and temples; Chinese antiquities like Neolithic vases and Qing Dynasty furniture; porcelain from the imperial kilns in Jingdezhen, freshwater pearls, bricks, tea, marble, stone, bamboo etc.

There is though nothing “Chinoise” about his works; rather his international formal approach often makes use of metaphoric references, humour, puns, and political irony, that redefines and reconsiders the meaning of the traditional into something new – from traditional antique into seductive and thought provoking contemporary art, from convention to transgression.

The title work of the show World Map is a large map of the world made of thin layers of cotton. China is the world’s largest producer of cotton, and also the world’s largest importer and consumer of cotton. With China as the world’s major producer of garment and textile – the piece is obviously a commentary to China’s importance in global trade, but very typical for Ai Weiwei, the socio-political framework for the piece is always governed by strong formal aesthetics – here the beautiful soft white cotton, making the piece very poetic and subtle in its contents.

In the vein of Joseph Beuys, another piece in the show, Fairytale, could be termed a “social sculpture”. Ai Weiwei conceived it for Documenta in 2007, where he brought 1001 Chinese nationals to the relatively small town of Kassel, the home town of the Brothers Grimm. Many of the Chinese participants were experiencing their first trip abroad, and Ai Weiwei provided them all with luggage, various accessories and created a temporary living environment that included dormitory-style sleeping quarters.

This intervention in the city life of Kassel of so many Chinese at one time directly plays on our concepts of Socialist China and the mass unity associated with socialism, emphasizing the group over the individual.

For Ai Weiwei though – the fundamental force for change is the individual experience, and the notion that through individual action, change is possible.

He believes all activities or artwork should be social – and political. He has often been involved in collaborations, among others in his large scale architectural projects. For him it is important to engage in debates and to exchange experiences.

In the 1970’s and 1980’s Ai Weiwei was a protagonist in a dynamic avant-garde movement in China where a lot of activity saw its light on the Chinese art scene.

Ai Weiwei’s career has steadily been gaining momentum in the past decades, not least due to his controversial exhibition “Fuck Off” in connection to the Shanghai Biennial in 2000, his participation at Documenta 2007, and recently his design of “Bird’s Nest”, the Olympic Stadium in Beijing, built in collaboration with Herzog & de Meuron. Ai Weiwei is today one of the leading Chinese artists and we are very pleased to host this show – his first in the 798 Art District.


Il a été question de Ai Weiwei, au sujet de l’anniversaire du massacre de la place Tiananmen, ici et .



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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 22:03

Francis Deron, ancien correspondant
du « Monde » à Pékin et à Bangkok


Le Monde du 4 juillet 2009
Par Alain Frachon


Francis Deron, mort le 31 juillet des suites d’un cancer, a exercé sa profession de journaliste de la plus noble manière qui soit : dérangeante. Spécialiste de la Chine et de l’Asie du Sud-Est, il a passé trente ans à bousculer nombre d’idées reçues et à malmener les puissants qui les véhiculaient. D’abord à l’Agence France-Presse puis au Monde, il s’est employé plus que d’autres, et souvent très seul, à démolir certains des mythes de l’époque. Il a désigné le maoïsme pour ce qu’il était : une sanglante aventure totalitaire. Il a puisé dans ses dernières ressources, quelques mois avant sa mort, pour écrire l’un des meilleurs livres sur le massacre de près d’un tiers de la population cambodgienne par les Khmers rouges.

Pire encore, aux yeux de certains maophiles encroûtés, Francis Deron a décrit le lien idéologique qui a conduit du maoïsme à la folie des Khmers rouges. Il a rappelé l’appui dont ceux-ci n’ont cessé de bénéficier de la part de Pékin. On est ici au cœur des ténèbres asiatiques de la fin du XXe siècle, et au cœur du travail de Francis Deron : le décryptage de cette chaîne qui va de l’idéologie (la prétention à l’explication globale) au régime totalitaire (la prétention à gérer tous les aspects de la vie des hommes) et au massacre (le meurtre collectif au nom du bonheur collectif). « Il a réalisé une œuvre de démystification et de subversion de quelques vérités officielles pour faire connaître la Chine en France », dit son ami le sinologue René Viénet.

Ce ne fut pas chemin aisé. À Paris, de l’université aux palais officiels, mais aussi chez les gens de lettres et dans la presse – au Monde, notamment –, on s’ébaudissait volontiers devant le spectacle exotique donné par le Grand Timonier et ses Gardes rouges ; on tenait les aventures maoïstes pour une expérience révolutionnaire des plus sophistiquées, voire pour une esthétique « progressiste » ; on analysait avec le plus grand sérieux des palanquées de slogans débiles et criminels.

Francis Deron et certains de ses amis, un tout petit groupe, sont allés voir ce qu’il y avait derrière le pesant rideau d’une propagande alors universellement gobée à Paris, Londres et New York. Ils ne sont pas restés au salon ; ils ont regardé dans la cuisine. Et ils ont contribué à changer le regard porté sur les Chinois ; ils ont humanisé, individualisé une population alors réduite à l’état de cohortes robotisées par la littérature dominante – de droite ou de gauche. « Il a fait découvrir aux Français que les Chinois ne sont pas incompréhensibles ni différents des Européens : simplement plus malheureux, poursuit René Viénet, et bien plus contraints, dans le cadre d’un régime anti-démocratique. » « Il avait l’intelligence politique de ce qu’est le totalitarisme, dit une autre de ses proches, la politologue Thérèse Delpech. Il appelait un chat, un chat. J’aimais son empathie avec les victimes des catastrophes du XXe siècle en Asie, sa volonté de préserver la mémoire des morts anonymes, sa contribution unique à l’histoire du génocide cambodgien. »

Correspondant à Pékin pour l’AFP de 1977 à 1980, puis, toujours pour l’agence, à Bangkok jusqu’au milieu des années 1980, Francis Deron était reparti en Chine, cette fois pour Le Monde, de 1987 à 1997 ; chef adjoint du service Étranger du journal, il retourne en Thaïlande de 2004 à 2009. Bien préparé (quatre ans d’étude de la langue et de l’histoire de la Chine contemporaine), il lisait les textes originaux et écoutait les témoins directs : dès le début des années 1970, il sait que le maoïsme est une abomination. Avec René Viénet et Simon Leys, notamment, en pleine hystérie maoïste, il participe à quelques fameuses contre-attaques : ouvrages collectifs et films s’attachant à rétablir un semblant de vérité.

Par la grâce du destin, ce farouche critique du Parti communiste chinois (le PCC) est témoin des deux printemps de Pékin : celui de la fin des années 1970 et celui de mai-juin 1989, qui se terminera dans le bain de sang de la place Tiananmen, au cœur de la capitale chinoise.

D’un séjour à l’autre, il raconte une Chine où le niveau de vie ne cesse de s’élever. Il crédite Deng XiaoPing d’avoir sorti le pays des « errements révolutionnistes » de Mao. Il relate l’étrange contrat social post-Tiananmen conclu entre le PCC et la population, sous la forme du mot d’ordre : « Enrichissez-vous ! » Le capitalisme le plus débridé succède à une économie d’État, mais – chut ! – il ne faut pas l’avouer : officiellement, cela s’appelle « l'économie de marché socialiste » ou « la voie chinoise vers le socialisme ». Polémiste féroce, autant qu’il était analyste sourcilleux, Francis Deron se réjouissait des fariboles sémantiques en cours dans la presse du régime. Il note, à la charnière de cette fin de siècle, que pour combler le vide d’une idéologie communiste qu’ils ont abandonnée, les dirigeants chinois encouragent un « nationalisme étroit » qui ne va pas sans risque.

Rien ne l’exaspérait davantage qu’une certaine vulgate en vogue à Paris, qui, au nom de différences « culturelles », vouait le peuple chinois à des régimes autoritaires. Aux contempteurs du « droit-de-l’hommisme », il répliquait : « Au plus profond de la pensée politique chinoise se trouve un droit moral à la désobéissance face à l’injustice. »

Francis ne s’est pas épargné. Éternel chapeau à large bord vissé sur le crâne, veste à franges à la Davy Crockett sur le dos et bottes de la cavalerie américaine aux pieds, il n’en avait pas fini avec la bataille des idées. Il a participé à la création du site de presse Internet Mediapart. Tout juste retraité, il entendait fonder son agence de presse pour continuer à raconter sa « vieille Asie ». Et déranger encore.


* * *

Sous la plume si claire et pertinente de Francis Deron, si humaine aussi, nos lecteurs ont pu comprendre de façon privilégiée les soubresauts asiatiques. Francis avait la passion du vrai, même si le vrai n’était jamais facile à débusquer puis à écrire. Que sa femme Isabelle et sa fille Laure trouvent ici la modeste expression de notre reconnaissance et la sincérité de nos condoléances. E. F.


Dates-clés


3 mai 1952 : Naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
1976 : Entre à l’AFP
1986 : Rejoint Le Monde
1989 : Publie Les Cinquante jours de Pékin. Chronique d’une révolution assassinée (éd. Christian Bourgois)
2009 : Publie Le Procès des Khmers rouges (Gallimard)
31 juillet 2009 : Mort à Paris





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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 12:46

« Francis Deron, la Chine au scalpel »

Par François Bonnet
Mediapart du 1er août 2009


Notre ami Francis Deron est mort vendredi 31 juillet à Paris, des suites d’un cancer. Il avait 57 ans. Journaliste, spécialiste de l’Asie, il était aussi l’un des meilleurs connaisseurs de la Chine. Depuis avril 2008, il tenait un blog sur Mediapart (cliquer ici pour le lire).

Francis Deron avait une passion dont il fit un engagement professionnel méthodique et obstiné : l’Asie, l’ancienne Indochine et surtout la Chine. Engagé à l’Agence France Presse, il part très vite en poste et travaille pendant vingt ans, de 1977 à 1997, à Bangkok et à Pékin. D’abord comme correspondant de l’AFP puis comme journaliste au Monde. En trente années de reportages et d’enquêtes sur le terrain, il était devenu l’un des meilleurs connaisseurs du régime chinois et de son histoire. Plusieurs de ses articles sur Mediapart peuvent être relus : leur pertinence demeure intacte. Par exemple : Le fils du ciel et le toit du monde, Les coffres-forts de la Chine, Vengeance posthume en Chine.

Outre la Chine, Francis Deron travaillait depuis trente ans sur le génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge. Au mois d’avril, il avait publié aux éditions Gallimard Le Procès des Khmers rouges, un remarquable ouvrage de référence. À cette occasion, nous avions publié un long entretien avec lui, entretien que vous pouvez retrouver ici : « Khmers rouges, un livre pour cerner les derniers mystères du régime Pol Pot ».

Dans cet entretien, Francis Deron revenait sur l’apathie mêlée de lâcheté de la plupart des gouvernements occidentaux face au génocide :

« Les voisins savent, mais dans une certaine mesure seulement (voir la surprise des Vietnamiens en 1979). La Chine, elle, est littéralement aux première loges : sa grosse ambassade donne carrément sur le quartier des exterminateurs qui expédient par convois de camions les « déchets » de l’industrie de mort pour être achevés en grande banlieue. Ces convois passent devant les fenêtres chinoises sur le boulevard Mao Tse-toung !

Quant aux autres gouvernements, ils se partagent entre ceux qui croient volontiers les dénégations des intéressés et ceux qui se disent qu’on verra plus tard. Il ne faut pas oublier qu’on baigne alors, dans les démocraties occidentales, dans une ahurissante atmosphère de pékinolâtrie. C’est en 1976 (ouverture de S-21 à Phnom Penh) que Giscard d’Estaing a qualifié Mao, dans le communiqué officiel de l’Élysée à sa mort, de “phare de l’humanité” ! »


Il ajoutait :

« La France ne s’est alors toujours pas remise de Dien Bien Phu, elle ne sait pas comment (ou si elle peut) reprendre des marques en Indochine, surtout sans importuner Pékin. Or voilà que le post-maoïsme de Deng Xiaoping se montre encore plus polpotiste que Mao, qui ne savait pas trop où était le Cambodge. Donc, surtout, ne rien faire qui risque de contrarier les plans de Deng dans les anciennes colonies françaises. Or, ces plans, sont ceux qui le rapprochent de Kissinger : utiliser les Khmers rouges contre les Vietnamiens, dont les deux hommes partagent une même exécration.

« Les Cambodgiens en ont fait les frais. Le seul élan de générosité dont on puisse créditer la France officielle dans cette lamentable affaire est tout de même d’avoir accueilli, dans un premier temps, un bon nombre de réfugiés (dont beaucoup pour peupler les tours invendables du XIIIe arrondissement de Paris). »


C’est cette passion de la Chine qui a fait de Francis Deron un journaliste. Car le journalisme allait dans les années 1970 lui permettre de poursuivre un travail d’enquête et d’établissement de faits sur l’une des plus grandes catastrophes du XXe siècle, la Révolution culturelle (1966-1969). Il ne faisait pas bon au début des années 1970 dénoncer la barbarie du régime communiste chinois quand certains cénacles intellectuels et universitaires français vivaient sous le charme de Mao et du Petit Livre Rouge. Francis Deron et plusieurs jeunes universitaires avec lui en firent les frais, se voyant barrer la route pouvant mener à une carrière de chercheur.

Depuis, avec un humour féroce doublé d’une obstination à ne pas oublier, Francis Deron continuait à ferrailler avec les anciens zélotes de l’Empire rouge plus ou moins bien reconvertis. Il avait été de ce groupe, aux débuts des années 1970, qui avait été très proche de Simon Leys – de son vrai nom Pierre Ryckmans – auteur de Ombres chinoises et Les Habits neufs du président Mao, puis avait fait éditer le fameux Révo. cul. dans la Chine pop. (éditions 10/18, 1974), véritable bombe dans le petit jardin des maoïstes français.

Il préfaça également le remarquable récit de Harold R. Isaacs sur cinquante années de pérégrinations chinoises et titré Épitaphe pour une révolution (collection Témoins Gallimard, 1989).

À vrai dire, Francis Deron enrageait de constater l’ampleur et la qualité des travaux de chercheurs anglo-saxons, américains en particulier, quand le monde français de la recherche oubliait ou refusait de se prêter à quelques douloureuses révisions, se confinant avec déférence « dans le bien-penser ambiant ».

Au printemps 2004, dans un article pour la revue Commentaire (n° 105) écrit à l’occasion de l’année de la Chine en France, il s’inquiétait de ce qu’il nommait alors un « syndrome maoïste aigu, sévère et persistant ». Le « SMASP ! », disait-il, en écho à ce SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) justement parti d’Asie et de Chine en 2003.

« Une sorte d’absolution diffuse préserve de la critique politique authentique quiconque a, de près ou de loin, et surtout en France, pris part à cette criminelle illusion que fut la “Révolution culturelle”. Sinon, comment expliquerait-on qu’un romancier se présente à Paris en candidat sérieux à un prix littéraire pour le lancinant et nostalgique récit de son adhésion au mythe venu alors de Chine populaire sans un seul mot, un seul, pour ceux qui furent les victimes dans leur chair de cette dictature ? » Il évoquait là Olivier Rolin et son roman Tigre en papier (Seuil, 2002)

« Combien de personnes de notre vie publique adhèrent peu ou prou à l’idée qu’avoir pris part à cette tragique fumisterie fut une “erreur” sinon excusable, du moins compréhensible en raison d’un indéfinissable “air du temps” – fuyante notion rédemptrice ? A-t-on jamais appliqué cette confortable excuse aux autres monstruosités du XXè siècle : nazisme, soviétisme, polpotisme… ? », ajoutait-il.

Ce n’est pas un débat du passé. Car la question de la Révolution culturelle demeure l’une des plus sensibles pour le régime actuel de Pékin. Ainsi du verrouillage méthodique par les autorités chinoises de l’accès aux archives de l’époque. Ainsi de l’immense flou qui continue à entourer la réalité de ces événements et, surtout, de son bilan en vies humaines.

« De manière intéressante, écrivait-il, la Révolution culturelle est le seul cataclysme politique de l’après-1945 dans le monde où conjonctures et extrapolations font encore la loi, et où le chercheur est condamné à des observations au cas par cas, d’où il ressort que, peu ou prou, la tourmente n’a épargné personne. Ce qui ne répond pas à la question posée. » Combien de morts ? Au moins trois millions. Peut-être beaucoup plus. On ne sait.

Aujourd’hui encore, et en France, poser cette question ne va pas de soi. Francis Deron en a fait l’expérience en novembre 2008 lorsqu’il livra à la revue Monde chinois un article titré Cimetières du maoïsme. La revue fut imprimée puis soudainement envoyée au pilon par l’éditeur Pascal Lorot et rééditée sans l’article incriminé. D’obscures explications furent avancées et René Viénet, rédacteur en chef de la revue et ami de Francis Deron, démissionna. Cet article ainsi que le récit de cette affaire de censure peuvent être lus sur Mediapart en cliquant ici. (Le lien se trouve dans l'article.)

Ces batailles idéologiques, Francis Deron les menaient avec la rigueur et l’entêtement du journaliste formé à l’école de l’agence de presse. Il haïssait les bavardages approximatifs, les grands cris d’indignation et ces effets de plume qui masquent l’imprécision. Adepte du doute, indépendant jusqu’à l’obsession, méticuleux, il a ainsi pu construire un magnifique itinéraire de journaliste.

Il y a quelques mois, Francis Deron avait choisi de quitter le quotidien Le Monde, lassé des guerres picrocholines au sein de sa rédaction et de ce qu’il estimait être un affaissement éditorial de son journal. Il avait soutenu avec amitié Mediapart dès son lancement, allant jusqu’à y investir quelques économies personnelles dans la « société des amis de Mediapart ». Installé à Bangkok, il débordait de projets. La maladie ne lui a pas laissé le temps de les concrétiser.

Ses obsèques auront lieu mercredi à 16 h, au cimetière du Père Lachaise, à Paris.  

À sa famille, à ses proches, nous présentons nos plus sincères condoléances.

P.-S. : Pour, malgré tout, sourire un peu, Francis Deron était aussi l’un des très rares spécialistes du film de Jean Yanne, Les Chinois à Paris, réalisé en 1973. Il aimait citer cette phrase de l’acteur et cinéaste : « La manipulation des élites est chose plus facile encore que celle des masses ».

Dans la revue Commentaire, il avait raconté par le menu comment le tournage de ce film provoqua un incident diplomatique entre la France et la Chine, ulcérée de se voir ainsi traitée dans ce « film anti-chinois du soi-disant réalisateur Yanne » (formule authentique). Pékin envoya à l’époque des bataillons de gros bras faire la chasse aux figurants dans les rues de Paris (l’an dernier, ces mêmes gros bras protégeaient la flamme olympique des manifestants parisiens…). Voici donc la bande-annonce de ce mémorable film.



Sur Deron, Viénet, la Bibliothèque asiatique et leurs films contre le régime de Mao, voir ici et .


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