Ils ont le même âge, l’une a été surnommé l’égérie du cinéma indépendant américain, l’autre s’impose au file des ans comme l’un des meilleurs acteurs japonais (Tabou d’Oshima, Zatoichi et Takeshis’ de Kitano, Itchi the Killer de Miike, Hakuchi de Tezka, La Forêt oubliée d’Oguri, etc.). On verrait bien Chloë Sevigny et Tadanobu Asano à la même affiche, malheureusement, c’est une enseigne nipponne qui vend des tee-shirts ringards qui les a réunis sur le même plateau.
Titre : Cygnes
Auteur : Shoson, Ohara (1877-1945)
Date inconnue
Titre : Buste d’un comédien dans le rôle de Kaneomaru
Série : Edo meisho zue (Célèbres vues d’Edo)
Auteur : Kunisada, Utagawa (1786-1864)
Date inconnue
On trouve toujours des choses épatantes sur BibliOdyssey.
Du même site, ces illustrations japonaises.
Très bonne surprise en découvrant le dernier film de Mamoru Hosoda, Summer Wars sorti sur les écrans français il y a tout juste une année. Cette romance entre deux adolescents a pour fond la perturbation que crée l’intrusion d’un virus dans un réseau social qui existe à l’échelle mondiale, Oz.
Si l’idylle lycéenne prend pour cadre une grande maison de campagne traditionnelle, héritage direct des visions pastorales de Miyazaki (Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro), le monde virtuel d’Oz s’inspire de l’univers de l’artiste Takashi Murakami. Un des intérêts du film se trouve dans cette constante oscillation entre deux mondes et deux esthétiques.
L’autre point intéressant est l’invention d’Oz, sorte de Facebook puissance cent qui intègrerait tous les paramètres de la vie sociale et économique, et d’imaginer ce que seraient les conséquences de son arrêt en sachant que toute l’organisation de la vie quotidienne semble en dépendre. Il y a un léger vertige à concevoir cet assujettissement et le film, sans verser dans le drame ni la critique (ce n’est pas le Discours de la servitude volontaire), élabore un scénario possible. Oz donne en tous les cas l’occasion d’un dialogue entre le dessin animé et l’art contemporain – avec, il est vrai, un artiste qui fonde essentiellement sa démarche sur le manga – preuve supplémentaire de la maturité de l’animation japonaise qui semble avancer seule en tête.
Les cinq premières minutes de Summer Wars sont visibles ici. C’est en japonais non sous-titré, cela n’a pas d’importance, je donne le lien pour les images qui montrent les deux esthétiques que j’évoquais.
En dehors des œuvres multiformes de Takashi Murakami à découvrir sur Google, on peut voir plusieurs de ses courts-métrages (clips musicaux et publicitaires) sur YouTube : Kanye West, Superflat Monogram, Kaikai&Kiki et Superflat First Love. Hosoda qui a collaboré à Superflat Monogram – sans toutefois être mentionné au générique – n’a d’ailleurs jamais fait mystère de son admiration pour Murakami.
Sur quelques films d’anticipation et de science-fiction (5)
Gonflé à l’hélium et pensé sous acide : Kaikai Kiki par Takashi Murakami
lors d’une parade dans les rues de New York en 2010
J’ai évoqué à plusieurs reprises cette revue d’avant-garde. L’élégance des couvertures comme le choix des films étaient remarquables.
La Maison de la culture du Japon (quai Branly, XVe arr. à Paris) lui consacre du 7 juin au 23 juillet 2010 une programmation qui offre, du coup, un panorama assez vaste de la modernité cinématographique japonaise des années soixante et soixante-dix. On y croise les tenants d’une Nouvelle Vague inspirée du modèle français et les aventuriers du Pink eiga qui mêlaient contestation politique et érotisme. Je conseille vivement la projection de Les Funérailles en rose que Jean-Pierre Bouyxou avait montré à la cinémathèque française devant des spectateurs subjugués (voir ici et là), celle d’Eros + Massacre de Yoshida et les films de Wakamatsu.
C’est donc une rétrospective extrêmement commode pour découvrir ou approfondir ses connaissances d’un moment-clé d’une cinématographie qui demeure toujours aussi surprenante. En témoignent les meilleurs films d’animation au monde (Katsuhiro Otomo, Hayao Miyazaki, Mamoru Oshii), de remarquables films d’horreur (Ring, Suicide Club, Battle Royale, Audition…) et j’en passe.
Le programme complet est ici.
J’aime beaucoup Ken Takakura. J’ai découvert cet acteur dans The Yakuza où il tient le rôle principal aux côtés de Robert Mitchum (j’ai montré deux affiches du film ici). Seul il arrive à sauver quelques scènes de ce sommet d’imbécillité qu’est Black Rain de Ridley Scott.
Encore s’agit-il là d’apparitions plus tardives ; c’est surtout dans les films yakuza de la compagnie Toei qu’il s’est fait connaître dans les années soixante, enchaînant les tournages à un rythme élevé.
Les affiches viennent de ces trois sites : ici, ici et là.
Une chose me fascinait à Tokyo, c’était les boutiques et les bars à thème. Prenez les Beatles ou Elvis et ouvrez une boutique qui leur est exclusivement réservée (disques, affiches, tee-shirts, etc.). Idem avec le cinéma : j’ai pris un verre dans un décor qui était celui d’Alien de H. R. Giger…
Super Punch, qui surveille de près les manifestations d’Alice dans le monde moderne, signale la récente ouverture d’un bar dédié à l’héroïne de Lewis Carroll. C’est le deuxième endroit de ce genre à Tokyo après celui de Ginza. Les deux espaces sont signés de Fantastic Design Works Co.
Vous trouvez cela indigeste ? C’est que vous n’avez pas encore vu le menu…
Les images viennent d’ici.
Un grand merci à Jean-Charles.
Je viens de récupérer deux affiches d’un film que j’aime beaucoup. Produit et réalisé par Sidney Pollack sur un scénario de Paul Schrader (Mishima, La Dernière Tentation du Christ) et Robert Towne (Chinatown, Frantic) d’après une histoire de Leonard Schrader (Mishima, Le Baiser de la femme araignée), The Yakuza est sorti en 1974.