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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 15:07

 

 

 

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Steven Spielberg et la science-fiction
De Rencontre du troisième type à La Guerre des mondes


Il est de bon ton et un peu facile de taper sur Spielberg : l’homme n’a rien à dire d’intéressant, son regard sur le monde est borné, sa morale bien pensante ; producteur et réalisateur prolifique, doué d’un incontestable savoir faire, c’est malheureusement pour le mettre au service d’une filmographie médiocre. On y côtoie de rares bonnes choses (1941, Les Aventuriers de l’Arche perdue) au milieu de films stupéfiant d’imbécillité.

Il y a pourtant un domaine où Spielberg s’est montré assez constant, c’est celui de la science-fiction. Il s’y est illustré cinq fois : Rencontre du troisième type (Close Encounter Of The Third Kind, 1977), E.T., L’extra-terrestre (1982), A.I., Intelligence artificielle (2001), Minority Report (2002) et La Guerre des mondes (2005). Étant donné le nombre de films, on voit bien qu’il ne s’est pas contenté de « visiter » le genre (comme Tarkovski avec Solaris), Steven Spielberg s’y est installé durablement.

 

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Rencontre du troisième type est peut-être l’une de ses plus belles réussites, qui vaut pour le jeu des acteurs (Richard Dreyfuss et François Truffaut, ci-dessus), la narration et la belle fin (photo du haut). Le ressort est un peu le même que celui employé dans Les Dents de la mer, Spielberg part d’une hypothèse à fort potentiel fantasmagorique (au moins aux yeux du spectateur américain moyen) : la peur qu’inspire le grand requin blanc mangeur d’hommes dans un cas, la possibilité d’une rencontre avec des OVNI dans le film qui nous intéresse. Si Les Dents de la mer développe une contre-vérité absolue qui s’est avérée catastrophique pour les requins (j’en parle ici) ; Rencontre… n’entache en rien la bonne image des extra-terrestres – que confirmera E.T. – et l’espoir qu’ils font battre dans le cœur des hommes, lorsqu’ils se prennent à rêver à d’autres mondes, les soirs d’été, en regardant la voûte étoilée.

 

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La Guerre des mondes est l’adaptation du roman éponyme de H. G. Wells, déjà maintes fois repris au cinéma. Ce qui m’a étonné ici, c’est le jeu d’un acteur qui me laisse habituellement indifférent, je veux parler de Tom Cruise, pas mal du tout en ouvrier un brin immature emporté dans une aventure qui va le transformer en adulte responsable et en bon père de famille ! Ah oui, on est chez Spielberg…

C’est d’ailleurs à peu près le même sort qui attend de nouveau Cruise à la fin de Minority Report, avec un handicap de taille : dans le film, il se drogue. Adaptée de Philip K. Dick, cette indéniable réussite (photo ci-dessus) est aussi éloignée que possible de l’univers de Dick, ce qui était prévisible.

 

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A.I., Intelligence Artificielle aurait pu être un bon film si, une fois encore, Spielberg n’avait pas été rattrapé par ses bons sentiments à la con. Tout le début (une bonne heure et demi) est remarquable. Il y a même au commencement une réflexion sur le désarroi du couple contemporain américain tout à fait surprenante ; après, on suit les aventures d’un Pinocchio moderne et cela reste très plaisant. La fin du film est tragiquement pesante.

 

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District 9
Neill Blomkamp, É.-U., Nouvelle-Zélande, Canada, Afrique du Sud, 2009

 

Alors qu’en Afrique du Sud, les traces de l’Apartheid sont encore très vives, au moins économiquement (le système a été aboli en 1991), il fallait être gonflé pour construire une histoire abordant le thème de la ségrégation raciale de manière aussi frontale et de la traiter ainsi. Neill Blomkamp renvoie dos-à-dos les êtres humains noirs et blancs qui trouvent à emmerder une nouvelle espèce non répertoriée par le muséum national d’histoire naturelle, une sorte d’insecte bipède de grande taille assez hideux mais néanmoins doué d’une intelligence supérieure et d’une sensibilité égale à la nôtre. Cette colonie extra-terrestre tombée en rade au-dessus de Johannesburg fait lourdement les frais de sa différence et de la cupidité des hommes, au point d’être parquée dans d’immenses ghettos, en fait d’immondes décharges publiques, faute de reproduire le combustible nécessaire à leur retour vers d’autres galaxies.

 

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L’excellente réalisation, le jeu survolté de l’acteur principal (Sharlto Copley, ci-dessus), beaucoup d’ironie, un final à vous arracher des larmes comme dans celui de Les Lumières de la ville de Chaplin, tout concours à faire de District 9 non seulement le meilleur film de science-fiction de ces vingt dernières années, avec Starship Troopers, mais une grande œuvre cinématographique tout court.

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Bandes annonces : District 9 (vostfr), Rencontre du troisième type (vo), La Guerre des mondes (vo), Minority Report (vo), AI Intelligence artificielle (vo).

D’autres films d’anticipation et de science-fiction ici.

 

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