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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 19:55

 

 

 

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 14:25

 

 

 

Le 3 avril dernier, l’Espace Saint-Michel (Paris, Ve) a été victime de l’attaque d’un commando de la Ligue de défense juive (LDJ) qui voulait interrompre une projection du documentaire Gaza-strophe, Palestine de Samir Abdallah et Khéridine Mabrouk. C’est le même groupuscule qui est intervenu en novembre 2010 au musée d’art moderne de la ville de Paris contre une exposition du photographe allemand Kai Wiedenhöfer sur Gaza.

 

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Jamila al-Habash par Kai Wiedenhöffer

 

L’Espace Saint-Michel a une longue histoire qui mêle cinéma et résistance politique. La programmation en 1966 puis en 1971 du film de Pontecorvo La Bataille d’Alger a été marquée par un incendie puis un attentat à la bombe. En octobre 1988, une projection de La Dernière Tentation du Christ de Scorsese a fait quatorze blessés suite à un incendie déclenché par des catholiques fondamentalistes.

Voici un communiqué de son directeur.

 

Communiqué de Claude Gérard,
directeur du cinéma Espace Saint-Michel

 

Dimanche 3 avril à 17 h l’Espace Saint-Michel a été victime d’une agression. Une vingtaine d’individus a tenté de pénétrer dans la salle où commençait la séance du film « Gazastrophe, Palestine » en blessant le projectionniste qui les en empéchait et après avoir laché et collé dans le hall du cinéma une avalanche de tracts nous assimilant à des « Antisémites ».

Ce film documentaire de Samir Abdallah et Khéridine Mabrouk, qui est à l’affiche depuis le 16 mars, n’a rien d’antisémite et il aurait d’ailleurs été certainement interdit dans le cas contraire et le Saint-Michel ne le passerait pas.

Il ne fait que recueillir, entre autres, des témoignages sur la souffrance de la population Palestinienne de la bande de Gaza au lendemain de l’opération « Plomb durci »menée par l’armée israélienne entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009.

Voilà près d’un siècle que le Cinéma Saint-Michel existe et défend son attachement à l’indépendance et à la liberté d’expression. Il a notamment surmonté l’épreuve de l’incendie dont il a été victime lors de l’attentat en 1988 contre la projection du film de Martin Scorcese La dernière tentation du christ.

L’agression dont nous avons été victime hier est une nouvelle occasion de proclamer haut et fort cet attachement à notre indépendance et à la liberté d’expression pour les œuvres que nous accueillons sur nos écrans.

Claude Gérard

 

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Le communiqué vient d’ici où vous pourrez lire d’autres réactions (celles des réalisateurs et de politiques).

Le site du film est ici, il présente la version courte du documentaire, un format de 52 minutes pour la télévision.

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 20:37

 

 

« Il est désormais interdit de boycotter »
Libération du 19 novembre 2010
Par Benoist Hurel, secrétaire général adjoint
du Syndicat de la magistrature

 

Tribune. La Chancellerie a eu cette idée extraordinaire selon laquelle tout appel au boycott des produits d’un pays n’était qu’une « provocation publique à la discrimination envers une nation »…

On a les victoires qu’on peut : Michèle Alliot-Marie a, il y a quelques mois, par une simple circulaire, commis un attentat juridique d’une rare violence contre l’un des moyens les plus anciens et les plus efficaces de la contestation des États par les sociétés civiles, à savoir le boycott. Le 12 février, la Chancellerie a eu cette idée extraordinaire selon laquelle tout appel au boycott des produits d’un pays n’était qu’une « provocation publique à la discrimination envers une nation », punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Le ministère demande aux procureurs de la République d’assurer une répression « ferme et cohérente » de ces agissements.

Soyons justes : la paternité de cette brillante initiative revient au procureur général de Paris qui avait, dans son rapport de politique pénale 2009, suggéré que « les faits de boycott ou de provocation au boycott peuvent s’analyser, selon les espèces, soit en une provocation à la discrimination, soit en une discrimination ayant pour effet d’entraver l’exercice d’une activité économique ». On peut rappeler les actions de ce type dans l’histoire : boycott du Royaume-Uni en 1930 initié par Gandhi contre la colonisation, boycott de l’Afrique du Sud dans les années 70 par les militants antiapartheid, boycott, à la même époque, par la communauté homosexuelle américaine d’une marque de bière qui refusait d’embaucher les gays ou, plus récemment, boycott des produits chinois par les soutiens de la cause tibétaine et des produits israéliens par les militants palestiniens… Pour l’ex-garde des Sceaux, il ne s’agit pas là d’entreprises de protestation et d’émancipation, souhaitables en démocratie, mais d’associations de malfaiteurs en vue d’attenter à la bonne marche du commerce, donc du monde.

La notion de discrimination ne peut s’entendre que d’une différence de traitement n’obéissant à aucun but légitime. Une action collective qui viserait à ne pas consommer de produits d’une entreprise parce qu’elle licencie ou délocalise sa production, ou d’un État parce qu’il maltraite ses minorités ne peut être qualifiée de discriminatoire, sauf à ôter aux consommateurs leur seul pouvoir, celui de ne pas de consommer n’importe quoi et n’importe comment. Que l’on se rassure : les États qui décideraient d’imposer un embargo à un pays étranger n’encourront pas les foudres de la loi pénale…

L’instrumentalisation d’un texte qui visait à combattre le racisme, le nationalisme et le sexisme est inadmissible, surtout lorsqu’elle vise à faire taire l’engagement citoyen. La circulaire en question, qui a su convaincre au moins un tribunal, constitue donc, pour la société civile, une régression d’une ampleur peu commune. Cette provocation s’est pour l’instant heurtée à un mur de silence. La pénalisation de la contestation est toujours une mauvaise nouvelle pour la démocratie. L’absence de contestation de la pénalisation, lorsque celle-ci ne répond à aucun autre objectif que celui de museler les peuples, n’en est pas une meilleure.

 

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 23:18

 

 

Je n’étais pas au courant de ce dossier, et si je reprends ici ce qui semble être un droit de réponse de Madame Moisdon dans les colonnes du Monde, c’est que, même en ignorant tout des charges qui pèsent contre ce pauvre Larry Clark, on peut aisément en suivre le fil ne serait-ce qu’en se basant sur les autres artistes cités dans le cours du texte. Et c’est dans le dépassement du cas présent que cette réflexion vaut d’être intégrée à la triste section « Censure en France » de ce blog.  

 

« “Larry Clark”, vers une interdiction au “public” »
Par Stéphanie Moisdon

Le Monde du  24 septembre 2010

 

Depuis que j’ai été informée de la décision de la Ville de Paris d’interdire l’entrée de l’exposition Larry Clark aux moins de 18 ans, je m’attendais à ce qui arrive, une chaîne de réactions médiatiques désordonnées.

Un premier rectificatif s’impose : l’affaire Présumés innocents qui sert de socle au cas Larry Clark, exposition ouverte en 2000 au Capc de Bordeaux et qui m’a valu d’être poursuivie en pénal (avec Marie-Laure Bernadac et Henry-Claude Cousseau) depuis maintenant plus de dix ans, n’est toujours pas « classée ». Merci aux journalistes et commentateurs d’en tenir compte. Après une ordonnance de non-lieu, l’organisation La Mouette a décidé de pourvoir en cassation et rien à ce jour n’indique que la procédure ne puisse aboutir.

Étant donné la tournure que prennent ces choses juridiques, mieux vaut être précis. Car ce détail n’est pas le moindre. Il permet de saisir le contexte nébuleux de « lâcheté » dans lequel la décision finale de priver Larry Clark de son public privilégié, les adolescents, a été entérinée. Contrairement à ce qu’affirme Hugo Vetrani dans son texte sur Mediapart, nous sommes donc toujours en attente de la décision de la Cour de cassation, ce que la Ville de Paris n’ignore pas, et c’est bien sur cette base-là que les éditeurs Paris Musées ont fini par se désister de la publication. Dans Le Monde daté 17 septembre, la directrice Aimée Fontaine, épousant littéralement la pensée de futurs détracteurs, lâche cette phrase définitive : « On ne peut ignorer qu’il y a dans le livre des photos à caractère pédophile et pornographique ».

Soyons clairs, soit une image est pédophile, soit elle ne l’est pas. Un spectateur intelligent saura trancher. Le « caractère » pédophilique ou pornographique d’une image dépend entièrement de l’appréciation toute subjective du lecteur, de sa culture et de ses valeurs. Par ailleurs, ceux qui considèrent légitimement Larry Clark comme un artiste majeur – signalons qu’il figure dans les plus grandes collections du monde – trouveront la portée d’analyse d’Aimée Fontaine pour le moins sommaire. Mais peu importe, les temps ne sont pas à la complexité !

Avant toute chose, disons que le cas Présumés innocents, unique en France, est fondé sur une procédure aberrante, un dossier fantomatique vide de charges, sur la néantisation du rôle de l’art et de ses fonctions (il ne s’agirait pas d’œuvres mais d’images ou pire de messages), et sur la fabrication de délits hypothétiques (un mineur « aurait » pu voir des images « à caractère violent et pornographique », malgré tous les dispositifs d’avertissement). Enfin, qu’il s’appuie sur une investigation qui flirte avec le burlesque : pour exemple, l’intervention d’Interpol afin de retrouver Robert Mapplethorpe, dangereux criminel bien connu de nos services, décédé en 1989, avant les faits.

Mais cette procédure est aussi le socle d’une réflexion élargie sur les notions de droit et de liberté. Elle permet, entre autres questions, de comprendre les mécanismes d’une nouvelle forme de censure masquée, plus pernicieuse, celle qui consiste, dans l’ombre, à reformater les mentalités et les espaces publics, à multiplier les dispositifs de prévention ou de précaution, relevant d’une autocensure généralisée, difficile à tracer donc à endiguer. La vertu, si je puis dire, de cette affaire Larry Clark, est de faire tomber le voile et de révéler au grand jour le sort qui sera dorénavant réservé aux œuvres « à caractère pédophilique et pornographique » (de Balthus à Richard prince, la palette est large).

Car pendant ces dix années, très peu de mes collègues ou artistes ont désiré témoigner d’un acte révélé d’autocensure. Pourtant je n’ai cessé depuis l’affaire d’être régulièrement « consultée » dans mon domaine, à titre d’expertise, afin d’aider à fixer les limites de la dangerosité d’une œuvre et des risques de poursuite judiciaire. Je me suis moi-même retrouvée à devoir interdire aux mineurs l’accès aux photos de David Hamilton (dans la Biennale de Lyon en 2007). Ces mêmes images, diffusées jusque-là en grand nombre dans les carteries et grandes surfaces, étant devenues proprement inmontrables. Cette décision « curatoriale » relevait à la fois d’un acte d’autocensure mais aussi d’un geste critique qui consistait à montrer l’évolution dans cette dernière décennie d’une société amnésique et liberticide.

Tous ces dispositifs préventifs (on dénombre déjà plusieurs expositions interdites aux mineurs), ont aussi pour effet de modifier le paysage des expositions, déjà largement encombré de matériels divers de médiation, devenu en quelques années des forêts de signes, de panneaux d’avertissements qui orientent le parcours et la lecture des œuvres, et qui définissent en creux une nouvelle condition du spectateur, partagé entre la consommation spectaculaire et le fantasme de sa victimisation. Face à cette dérive sécuritaire, qui s’accompagne d’une judiciarisation grandissante, le « public » tant convoité, démembré arbitrairement en catégories sociales et tranches d’âges, appréhende les territoires de l’art dans ce climat de suspicion, éduqué à se garantir des conséquences traumatiques d’une expérience de l’art qui serait non désirée, non protégée.

C’est dire aussi, paradoxalement, toute l’importance accordée à la production culturelle, et les conséquences indirectes de son accessibilité grandissante. L’art contemporain n’est plus depuis longtemps l’affaire d’une supposée élite, refermée sur ses propres enjeux, mais une véritable zone de flux, de passage, de libre-échange. En dix ans, la fréquentation des expositions est devenue aussi industrielle que sa production, sa diffusion et sa commercialisation. Cet état schizophrénique pourrait bien un jour aboutir à quelques situations aussi ridicules que radicales, comme l’interdiction aujourd’hui de l’exposition de Larry Clark à ses premiers destinataires, les « kids », ou encore l’ouverture d’une exposition « interdite au public ».

 

Stéphanie Moisdon est critique d’art et commissaire d’exposition.

 

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Photo de David Hamilton

 

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 16:13

 

 

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Englués dans une affaire Bettencourt qui prend des dimensions extraordinaires, la présidence et le gouvernement ne savent plus quoi inventer pour faire diversion. Après le très grotesque et démagogue outrage au drapeau français (ici et ), c’est l’honneur de la police nationale qui est en jeu. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux traîne devant les tribunaux deux sites Internet : Indymedia (Grenoble) et Le Jura libertaire (adresse ci-dessous et ci-contre), souvent cité dans ces pages (ici, ici et ).

 

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Voici les liens avec l’article du Monde et celui de Libération :

« Brice Hortefeux porte plainte
contre deux sites Internet jugés anti-policiers »

Le Monde du 26 juillet 2010

« Hortefeux porte plainte contre
deux sites critiques envers la police »

Libération du 26 juillet 2010

 

Ce que ni Le Monde ni Libération, et encore moins l’AFP, n’ont le droit d’écrire (mais moi, je ne vais pas me gêner !), c’est que Brice Hortefeux a été condamné pour injure raciale et que dans sa honteuse situation, le seule chose qu’il soit autorisé à faire, c’est de fermer sa gueule. Du coup, il faut une sacrée dose d’inconscience pour oser s’adresser à celles et ceux pour qui sa simple présence constitue une vivante insulte…

Comment ce gouvernement qui fait de l’évasion fiscale une vertu, et dont les membres accumulent les casseroles au cul, ose parler d’honneur et de la grandeur de la France ? Une chose est sûre : ces gens-là ne peuvent pas, et ne pourront jamais, invoquer une telle grandeur, eux qui s’escriment à mettre notre pays en pièces.

 

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Pour revenir au Jura libertaire, il y a une petite contradiction amusante que n’a pas relevé Hortefeux. Ce site a souvent cité Guy Debord. Dans le même temps, l’ancienne ministre de la culture a classé ses archives « Trésor national », ce qui leur confère un statut particulier et empêche leur dissémination hors du territoire. Alors, l’UMP veut bien des manuscrits de Debord pour les collections de la BNF, mais il ne faut surtout pas le lire et considérer que la critique situationniste trouverait encore à s’appliquer, même par écrit…

 

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Dernier point, après la proposition du député Masson, les calomnies à l’encontre de Mediapart et les drôles de décisions de l’AFP, cette campagne est la énième à secouer le monde d’Internet en quelques semaines. À l’incompréhension que génère l’arrivée de nouveaux modes de communication, s’ajoute l’impuissance à contrôler cet « espace ». Comme en Chine, les autorités ne cessent de faire obstacle à la liberté qui s’y exprime.

La nervosité est palpable, tant mieux.

 

Toutes les illustrations viennent des pages les plus récentes du site Le Jura libertaire. Charles Tatum a évoquer ce début d’affaire ici.

 

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 15:09

 

 

« Cachez ces dessins érotiques qui heurtent
le président du conseil général »

Le Monde du 3 juin 2010

 

Il est rarissime qu’une exposition soit annulée quelques jours à peine avant son ouverture. C'est ce qui est arrivé à « Pour adultes seulement », qui devait être présentée, à partir du 19 mai, à la Bibliothèque départementale de la Somme, à Amiens.

 

On aurait pu y voir, jusqu’au 19 juillet, une soixantaine de dessins, peintures et gravures – tous des originaux et la plupart inédits – réalisés par 26 artistes, connus pour leurs œuvres destinées aux enfants, mais qui, cette fois, ont dessiné sur le thème de l’érotisme. Parmi les artistes, on trouve des pointures internationales comme Léo Kouper, Tomi Ungerer, André François, Jean Claverie, Nicole Claveloux, Alain Gauthier, Georges Lemoine…

 

Mais le sujet est délicat. On le doit à Janine Kotwica, agrégée de lettres, retraitée de l’éducation nationale et spécialiste de l’illustration pour la jeunesse et du dessin de presse. Son projet a été accepté, il y a plus d’un an, par Hervé Roberti, qui dirige la bibliothèque d’Amiens (ce dernier, partant à la retraite début septembre, n’a pas souhaité s’exprimer).

 

À la mi-février, une bonne partie des dessins sont montrés à David Andrieux, directeur du développement culturel au conseil général. Il était « enthousiaste », dit Janine Kotwica. Et pourtant, le 7 mai, cette dernière apprend par un mail signé David Andrieux que l’exposition ne se fera pas.

 

Car une quinzaine de jours avant l’exposition, demandant à voir les oeuvres de « Pour adultes seulement », le président du conseil général, Christian Manable (PS), s’affole et arrête tout. Deux œuvres l’ont particulièrement choqué, dit-il : une peinture signée Alain Gauthier, que nous publions ici ; une gravure de Bruno Heitz, qui représente une femme nue à quatre pattes dans l’herbe posant pour un peintre assis sous un arbre, avec, sur sa planche à dessin, la tête de la Vache qui rit.

 

« Nous aurions dû réagir plus tôt. Il y a eu un dysfonctionnement interne, reconnaît Christian Manable. Mais ces deux œuvres, au moins, heurtent mes valeurs de gauche. La modèle dans le pré donne une image dégradante de la femme, et celle qui a le sexe épilé est ambiguë par rapport à la représentation de l’enfance. Et puis des textes qui analysent les oeuvres sont également choquants. » Il ajoute : « Je vais passer pour un facho, un pisse-vinaigre, un censeur, alors que ceux qui me connaissent savent que c’est absurde. Je ne vois aucun problème à ce que ces dessins et peintures figurent dans une galerie privée, mais pas dans un lieu du conseil général, avec de l’argent public. »

 

Janine Kotwica n’en revient pas : « Je suis grand-mère, la toile de Gauthier figure dans mon salon, mes petits-enfants la voient tout le temps, et on me parle de pédophilie… C’est scandaleux, je ne vois aucune oeuvre qui pose problème. Surtout quand on sait ce que les enfants regardent à la télévision, sur des publicités ! »

 

Elle était prête à retirer certaines œuvres : « On ne me l’a même pas demandé. C’est un torpillage. » Nous avons pu visualiser toutes les pièces retenues, figurant dans un catalogue prêt à être imprimé et qui ne le sera pas. De nombreux musées publics présentent des oeuvres bien plus osées.

 

Autre fait surprenant, cette bibliothèque d’Amiens n’est pas un lieu qui reçoit du public, encore moins des enfants. C’est une sorte de « grossiste » qui centralise des livres avant qu’ils ne soient déposés à la consultation dans des bibliobus et bibliothèques publiques. Mais Christian Manable note que l’exposition devait circuler comme outil pédagogique : « C’est inopportun pour les collégiens », dit-il. « Cette idée a été abandonnée », répond Janine Kotwica.

 

Ce projet est évalué à 10 000 euros (honoraires de Mme Kotwica, catalogue, affiche, cartes postales, promotion). C’est un rapport qualité-prix remarquable. C’était une aubaine pour un tel lieu d’accueillir cette exposition. C’est une belle opportunité pour un autre lieu, dans la Somme ou ailleurs, qui pourrait récupérer la mise.

Michel Guerrin

 

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 15:20

 

 

 

« Une proposition de loi veut interdire
l’anonymat des blogueurs »

Numerama du 21 mai 2010 par Guillaume Champeau

 

 

Le Sénateur UMP Jean-Louis Masson propose d’obliger les personnes privées qui publient un blog à y divulguer leurs nom, prénoms, adresse e-mail, adresse de domicile et numéro de téléphone. Un bon moyen de dissuader les blogueurs de bloguer.

 

Le sénateur UMP Jean-Louis Masson a déposé sur le bureau du Sénat une proposition de loi « tendant à faciliter l’identification des éditeurs de sites de communication en ligne et en particulier des “blogueurs” professionnels et non professionnels ». Il veut ainsi revenir sur la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) qui donne la possibilité aux blogueurs non professionnels de dissimuler leur identité.

 

Il souhaite modifier l’article 6 de la LCEN, qui dispose que les « personnes éditant à titre non professionnel un service de communication au public en ligne peuvent ne tenir à la disposition du public, pour préserver leur anonymat, que le nom, la dénomination ou la raison sociale et l’adresse (de leur hébergeur) sous réserve de lui avoir communiqué les éléments d’identification personnelle ». Le principe actuel est donc qu’un blogueur peut dissimuler son identité et même ne fournir aucun moyen de le contacter, à condition qu’il dise par qui il est hébergé, et que l’hébergeur puisse en cas d’ordre judiciaire révéler l’identité de son client.

 

Mais pour le sénateur, « compte tenu de la multiplication des sites et des propos litigieux qu’ils peuvent contenir, il apparaît de plus en plus nécessaire de faciliter l’exercice concret du droit de réponse des personnes nommément mises en cause par des auteurs anonymes ».

 

Sa proposition de loi, longue d’un seul article, vise donc à imposer aux non professionnels les mêmes obligations de divulgations d’identité que celles imposées aux professionnels. « La distinction entre le non professionnel et le professionnel est malaisée car une personne peut être considérée comme professionnelle ou pas selon la nature du sujet sur lequel elle s’exprime », justifie Jean-Louis Masson. Mais il confond là ce qui relève de l’écriture d’un blog en tant qu’exercice d’une profession éditoriale, et ce qui relève de l’écriture d’un blog en tant que communication d’une expertise personnelle sur un sujet.

 

Si sa proposition est adoptée, les blogueurs devront, en plus de leur hébergeur, dévoiler leurs nom, prénoms, adresse électronique, domicile et numéro de téléphone. « Il convient de mieux protéger les éventuelles victimes de propos inexacts, mensongers ou diffamations qui sont, hélas, de plus en plus souvent colportés sur la toile », estime le sénateur. Mais cela justifie-t-il de faire encourir à tous les blogueurs le risque d’une usurpation d’identité ou d’un harcèlement permanent ?

Gillaume Champeau

 

 

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Masson, une tête de batracien, l’esprit d’un veau 

 

L’article est à lire ici. La photo vient de lepoint.fr.

 

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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 08:00

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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 07:22

J-accuse--5-mars-.jpg 

Il y a des jours où l’on se demande si l’actualité n’est pas exclusivement faite pour nourrir les blogs contestataires… Ainsi en est-il de cette énième affaire de censure.

Le chanson est à écouter ici, les paroles sont bien (« Petit fils de Noir désir », comme le dit Yann).


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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 16:45

« Mitterrand ordonne la levée de la censure aux Beaux-Arts »
Par Sophie Verney-Caillat
Rue89 le 13 février 2010

 

Retour à la normale à l’École des beaux-arts de Paris. Il a fallu l’intervention du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand pour que les bannières « Travailler », « Gagner », « Plus », « Moins » soient raccrochées sur la façade de l’école, comme prévu dans le cadre de l’exposition « Un week-end de sept jours ».

Ko Siu Lan a immédiatement prévenu Rue89, qui avait révélé cette affaire :

« Le ministre m’a appelée, il m’a dit “c’est idiot cette histoire, je m’en excuse personnellement. Ce n’était pas ma faute, mais dès que j’appris ce qui se passait, j’ai demandé qu’on remette immédiatement les bannières”. »

Le ministre de la Culture n’a pas encore confirmé officiellement cette initiative.

 

« Atteinte à la neutralité du service public »

 

L’artiste chinoise, élevée à Hong Kong, avait auparavant reçu un coup de fil du directeur du programme d’études dans le cadre duquel cette exposition d’anciens étudiants avait été montée. Tony Brown lui a dit que le directeur de l’École des beaux-arts et le ministre avaient pris ensemble la décision de rétablir les bannières.

Dans un premier temps, l’école avait fait savoir mercredi à la commissaire d’exposition Clare Carolin que l’interprétation politique possible du message avait choqué certaines personnes et qu’en période de recherche de financement, une telle œuvre était gênante. Puis dans un communiqué, elle avait invoqué une improbable « atteinte à la neutralité du service public » pour justifier son geste.

 

Les bannières ont repris leur place

 

Ko Siu Lan a été aidée par les équipes d’installation de l’école et vers 17 h 30, les bannières avaient repris place à l’endroit initialement prévu, sur le quai Malaquais. Elle avait refusé que son œuvre, conçue pour cet endroit précis, soit rapatriée à l’intérieur de l’école, comme proposé après le démontage des bannières mercredi.

Elle remercie tous ceux qui l’ont soutenue, « sans qui ce n’aurait pas été possible ». Parmi eux, Agnès Tricoire, son avocate, qui dès que la censure a été révélée par Rue89, s’est mobilisée et a envoyé une mise en demeure aux Beaux-Arts, mais aussi des élus parisiens comme Christophe Girard, l’adjoint à la Culture de Bertrand Delanoë qui proposait vendredi d’accueillir l’exposition au 104.

Vendredi soir, quelques manifestants avaient chahuté le vernissage de l’exposition collective amputée de l’œuvre de l’artiste chinoise : des étudiants, des professeurs et des amateurs du travail de l’artiste. « Une Chinoise qui nous donne des leçons de démocratie, c’est le comble », disait l’un d’eux (ignorant sans doute que l’artiste était originaire de Hong-Kong). « L’art est mort ici », déplorait un autre. Certains arboraient des petites bannières similaires à celles installées par Ko Siu Lan.

 

Toujours sur Rue89 larticle « Artiste chinoise censurée : les Beaux-Arts inventent l’art neutre ».

Le Monde a relayé la même information, « Frédéric Mitterrand demande que soit raccrochée l’œuvre d’une artiste chinoise », ici.



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