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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 13:53

 

 

 

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 21:32

 

 

 

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Dans le cadre du Berliner Festspiele

« Ai Weiwei à New York – Photographies 1983–1993 »

Au Martin-Gropius-Bau jusqu’au 18 mars 2012

 

Présentation du lieu d’exposition :

Une première en Allemagne : le Martin-Gropius-Bau présente plus de 220 photographies datant des années où l’artiste chinois Ai Weiwei a vécu à New York (1983–1993). L’artiste est son propre commissaire d’exposition. Ai a réalisé plus de 10 000 clichés durant son séjour new-yorkais. Cette longue résidence aux États-Unis a indélébilement marqué le style et le parcours artistiques du jeune artiste, né en 1957. Ai Weiwei n’est rentré en Chine que lorsque son père – Ai Qing, écrivain illustre en Chine dont tous les enfants apprennent les poèmes à l’école – était à l’article de mort.

Aujourd’hui Ai Weiwei est l’artiste chinois contemporain le plus célèbre au monde. À New York, il s’était lié d’amitié avec Allen Ginsberg. De nombreux artistes connus en Chine de nos jours lui ont rendu visite à New York. Ai les photographiait. Il y a aussi découvert les œuvres de Joseph Beuys, dont on retrouve l’idée de la plastique sociale dans son œuvre actuelle. Les prises de vue d’Ai Weiwei documentent aussi à partir de sa propre perspective l’histoire et l’atmosphère si spécifiquement libérale de New York dans les années 1980.

Ai Weiwei était encore inconnu à cette époque à New York. Il vivait dans un minuscule appartement dans East Village. Il était un membre actif de la communauté des artistes et intellectuels chinois sur la scène avant-gardiste du quartier alors en pleine croissance. Avec son appareil, il fixait sur la pellicule sa vie, sa création artistique, son environnement, ainsi que l’ambiance et les événements de cette époque. Il en a résulté des photographies uniques – des documents d’une époque palpitante sur le plan artistique et politique, perçue par les yeux d’un artiste chinois. On identifie clairement dans ses photos les balbutiements de l’art conceptuel d’Ai Weiwei. Les motifs de ses clichés sont aussi hétéroclites que la vie new-yorkaise : des photos des combats de rue au parc Tompkins-Square, de travestis au festival Wigstock, des portraits d’artistes, d’intellectuels et d’amis américains ou chinois. La scène artistique du New York des années 1980 était tout à la fois variée, passionnante et inspirante. C’est aussi ce qui transparaît dans l’exposition.

Ai Weiwei a lui-même procédé au choix des photographies, qui composent une installation singulière retraçant aussi les expériences personnelles, les pensées et les impressions de l’artiste Ai Weiwei.

 

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Ai Weiwei est né en Chine en 1957. Il est le fils de l’écrivain Ai Qing qui tombe en disgrâce en 1958, année où le gouvernement communiste l’envoie en exil dans le Xinjiang. Ai y voit les humiliations infligées à son père dans cette province située à 3 000 km de Pékin. En 1978, enfin, le père et le fils sont autorisés à retourner dans la capitale. Ai s’inscrit cette même année à l’Académie de cinéma de Pékin, où il étudie avec les grands réalisateurs contemporains que sont Chen Kaige et Zhang Yimou. En 1979, il fonde avec d’autres le groupe d’artistes avant-gardiste « Les Étoiles », qui rejette l’art étatique officiel de cette époque de réformes. Ai s’implique également dans le célèbre « mur de la démocratie » qui surgit en plein cœur de Pékin en 1978. Sur des affiches murales, Wei Jingsheng, alors âgé de 28 ans et qui vit désormais en exil aux États-Unis, y réclamait une « cinquième modernisation » – plus de démocratie et de libertés individuelles. Le « mur » fut toutefois interdit dès la fin 1979, car le parti communiste redoutait de perdre son pouvoir monopolistique. Wei fut condamné à 15 ans de prison. Il fallut que les États-Unis fassent pression pour qu’on l’autorise à s’exiler en 1997. Entre 1981 et 1993, Ai Weiwei vit aux États-Unis et étudie à la Parsons School of Design à New York. Il rentre à Pékin en 1993, où il vit depuis. Ai n’a jamais renoncé aux prises de positions critiques de ses jeunes années. Lorsque Liu Xiaobo – condamné à onze années de prison en 2009 au motif qu’il a de nouveau réclamé plus de démocratie et de libertés individuelles dans la Charte 08 – reçut le prix Nobel de la paix en 2010, Ai, qui connaissait Liu, fit l’éloge de cette décision courageuse qui encourageait tous les Chinois engagés dans la lutte pour les droits de l’homme fondamentaux.

Ai a toujours considéré son art comme politique : art conceptuel, performance, photographie – la palette de ses formes d’expression artistique a contribué à en faire l’artiste le plus important de Chine. Duchamp, le dadaïsme, la plastique sociale et Andy Warhol l’ont influencé. Son blog est devenu un livre à succès en Europe et sur le continent américain. Ses expositions aux États-Unis, en Europe et en Asie sont légendaires. Il est devenu populaire en Allemagne avec sa participation à la Documenta 12 en 2007. De multiples grands musées du monde possèdent ses œuvres : la Tate Modern à Londres, le Museum of Modern Art à New York, les Staatlichen Museen zu Berlin, des musées de San Francisco et de Los Angeles.

Lorsqu’en avril 2011 Ai Weiwei est arrêté à l’aéroport de Pékin pour activités artistiques subversives, puis tenu au secret dans une prison inconnue pendant 80 jours, un cri de protestation s’éleva dans la scène artistique. Une liste de soutien organisée par le musée Guggenheim de New York réunit 140 000 signatures. L’appel « Liberté pour Ai Weiwei », initié par Alexander Ochs et des amis, a été signé en Allemagne par plus de 4 000 personnes, dont Günter Grass, Durs Grünbein, Rosemarie Trockel, Norbert Bisky, Tobias Rehberger et de multiples autres écrivains, artistes, collaborateurs de musée. L’Akademie der Künste (Académie des beaux-arts) de Berlin l’élit comme membre. Des artistes renommés tels que Daniel Buren, Olafur Eliasson, Luc Tuymans et Anish Kapoor s’engagent pour obtenir sa libération. Depuis, Ai Weiwei a été autorisé à vivre dans son studio de Pékin mais il a interdiction de parler à la presse et de quitter la ville. Ai Weiwei n’est toujours pas libre. Pour reprendre le commentaire récent de Wei Jingsheng dans le New York Times sur la situation des artistes en Chine : en Chine règne toujours non pas la loi mais l’arbitraire du pouvoir étatique.

 

Organisateurs :

Berliner Festspiele. En partenariat avec le Three Shadows Photography Art Centre (Pékin) et le Chambers Fine Art (New York). Avec le soutien amical d’Alexander Ochs Galleries BerlinIBeijing.
L’exposition a été présentée du 29 juin au 14 août 2011 à l’Asia Society Museum (New York).
Commissaire : Ai Weiwei.

 

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Cette présentation vient d’ici et .

 

De haut en bas : Ai Weiwei (Williamsburg, Brooklyn, 1983), Chen Kaige (Lower Eastside, 1986), Ai Dan et Ai Weiwei (1987), Zhao Fei, Alaifu et Zhang Baoqi (CBGB Club, 1993), Bill Clinton (New York, 1992), Robert Frank et Allen Ginsberg (1989).

Toutes les images © Ai Weiwei; Courtesy of Three Shadows Photography Art Center.

 

D’autres photographies figurent ici ; il s’agit de captures d’écran réalisées à partir du documentaire Ai Weiwei, Without Fear or Favor.


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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 19:39

 

 

 

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 19:13

 

 

 

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L’empereur Kangxi

 

À partir du 29 septembre 2011 et jusqu’au 9 janvier 2012

 

Présentation du Louvre :

Les trésors de la Cité interdite font l’objet d’une grande exposition qui présente une sélection de cent trente oeuvres dans trois espaces distincts du musée.

Fruit d’une intense coopération entre la France et la Chine, cette manifestation constitue sans aucun doute un événement majeur des échanges culturels et diplomatiques entre ces deux pays.

L’exposition retrace l’évolution de la Cité interdite selon un parcours chronologique construit autour des grands empereurs qui ont dirigé la Chine du milieu du XIIIe siècle au milieu du XIXe siècle.

Les cent trente oeuvres majeures prêtées par la Chine – peintures, vases, coupes, laques, costumes d’apparat, tenues militaires ou calligraphies – sont mises en perspective avec les figures emblématiques de l’histoire impériale chinoise.

Dans les salles d’histoire du Louvre, l’exposition montre la succession des souverains chinois et, pour chaque période, les échanges qui ont pu exister entre la France et la Chine.

Dans les fossés médiévaux du Louvre, une maquette de la Cité interdite permet de saisir l’ampleur de ce palais surgi ex nihilo de la volonté d’un seul homme, l’empereur Yongle (1403-1424), tandis qu’un montage vidéo évoque en images l’histoire de son architecture.

Sont également présentés dans l’aile Richelieu la salle du trône de l’empereur Qianlong (époques Louis XV et Louis XVI) et les chefs-d’oeuvre qu’il a fait exécuter à la peinture sur soie, en particulier les portraits grandeur nature de ses chevaux.

 

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Giuseppe Castiglione

 

Vous trouverez des extraits de textes sur l’empereur Kangxi, son petit-fils l’empereur Qianlong et le peintre Castiglione ici.

 

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 03:36

 

 

 

« Pékin veut lier les Ouïgours au terrorisme
pour justifier la répression »

Par Hélène Franchineau, Le Monde du 6 juillet 2009

 

Le 5 juillet, des émeutes dans la capitale de la province chinoise du Xinjiang, Urumqi, ont fait au moins 140 morts et 828 blessés, selon l’agence officielle Chine nouvelle. La direction des relations avec les médias au gouvernement provincial fait état d’environ 260 véhicules brûlés et de 200 commerces et habitations endommagés. Ce n’est pas la première fois que de tels incidents éclatent au Xinjiang. Ils traduisent le malaise grandissant entre les Ouïgours – ethnie majoritaire et musulmane – et les autorités chinoises. Thierry Kellner, de l’Institut universitaire de hautes études internationales à Genève, revient sur la situation.

Quelle relation entretient Pékin avec la province du Xinjiang, peuplée en majorité par les Ouïgours ?

Thierry Kellner : C’est une périphérie contestée, une province qui a souvent échappé au contrôle de Pékin. Les dynasties chinoises ont imposé leur contrôle sur le Xinjiang, mais toujours de façon intermittente. La culture des habitants du Xinjiang  est plus centrasiatique que chinoise. D’origine turco-iranienne, ils sont musulmans et leur langue vient du turc. La Chine n’a fait la conquête militaire du Turkestan [ancien nom du Xinjiang] qu’au XVIIIe siècle. Après l’arrivée des communistes au pouvoir, en 1949, les Ouïgours ont eu l’impression que la politique de Pékin est devenue nettement plus favorable aux Chinois Hans [l’ethnie majoritaire en Chine]. Il y a aujourd’hui dans la province une nette différence de revenus entre les Ouïgours et les Hans. Les Hans ont le pouvoir. Ces manifestations sont une traduction du malaise qui persiste avec les Ouïgours.

 

La situation est-elle comparable à celle du Tibet ?

La Chine n’a jamais eu confiance dans la population de la province. Pékin a écrasé le nationalisme ouïgour, avec l’aide de l’URSS, dans les années 50. Avec le développement économique, le nationalisme a refait surface dans les années 80 sous la forme d’un mouvement littéraire. Mais les autorités ont pris peur et, au début des années 90, réprimé tout ce qui ressemblait à une velléité d’indépendance. Pékin a mis en place un puissant contrôle sur le discours historique, pour montrer que le Xinjiang a toujours fait partie de la Chine.

Effectivement, il s’agit de processus comparables à ceux en cours au Tibet : le développement économique échappe aux minorités ethniques au seul profit de l’ethnie Han ; la religion et la culture sont réprimées ; Pékin procède à une « colonisation » en faisant en sorte que les Hans deviennent majoritaires. La seule différence, c’est que le Xinjiang n’a pas de figure charismatique comme le dalaï-lama pour défendre sa cause. Et il faut des évènements comme ces émeutes pour qu’on parle de la situation au Xinjiang.

 

Le pouvoir accuse le Congrès mondial ouïgour, qui représente les Ouïgours à l’étranger, d’avoir fomenté les émeutes…

Son audience est assez restreinte. Rebiya Kadeer, qui est à sa tête, est encore peu connue. De plus cette organisation prône le respect de la Constitution chinoise. Mais Pékin préfère bien évidemment désigner un ennemi extérieur plutôt que de remettre en cause sa propre politique.

Concernant ces émeutes, le rôle d’Internet doit être mis en avant. Tout aurait démarré près de Canton, dans le sud de la Chine, quand deux ouvriers ouïgours ont été lynchés dans le district de Shaoguan, le 27 juin, par des ouvriers hans [une rumeur postée sur Internet avait accusé des ouvriers ouïgours d’avoir violé deux fillettes. Les émeutes avaient fait officiellement 2 morts et 118 blessés]. Ce qui m’étonne, c’est que cela se soit passé à Urumqi, dont la population est Han à 83 %, plutôt qu’à Kashgar [autre grande ville du Xinjiang, dont la population est majoritairement ouïgoure].

Je pense que ces accusations ne sont qu’un prétexte utilisé par Pékin pour lier la diaspora ouïgoure à l’étranger avec Al-Qaida et le terrorisme, afin de justifier une nouvelle répression.

 

Propos recueillis par Hélène Franchineau.

De Thierry Kellner, lire aussi les textes « Chine : le Xinjiang et les Ouïgours » (2002) et « Xinjiang : les émeutes interethniques de juillet 2009 : décryptage et commentaires » (2009).

 

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 00:42

 

 

 

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Suite aux tensions de ces dernières semaines dans le Xinjiang, au nord-ouest de la Chine (en rouge sur la carte ci-dessus), je donne à lire l’intégralité de cet entretien très éclairant sur ce que subie la population ouïghoure, une « minorité » que Nicolas Bequelin compare aux Tibétains.

Bravo M. Thibault !

 

 

Xinjiang : « Les accusations du gouvernement
chinois sont peu crédibles »

Harold Thibault, Le Monde du 4 août 2011

 

Nicholas Bequelin, enquêteur à la division Asie de Human Rights Watch et spécialiste du Xinjiang, analyse les récentes violences perpétrées dans la région et la répression dont sont victimes les Ouïgours par le gouvernement chinois.

Les autorités de Kashgar ont attribué l’attentat de dimanche au Mouvement islamique du Turkestan oriental. Que savez-vous de ce groupe ?

Les accusations du gouvernement chinois sont peu crédibles. Depuis le 11-Septembre, la stratégie de Pékin a été d’exagérer le risque terroriste au Xinjiang et ses supposées connexions avec le terrorisme international afin de légitimer sa très dure répression dans la région. L’ETIM est un petit groupe dont l’existence était attestée à la fin des années 1990 mais qui a très probablement cessé d’être actif depuis. Ses membres se sont dispersés : deux de ses ex-dirigeants, qui faisaient parti de la mouvance Moudjahidin en Afghanistan, ont été tués ces dernières années, l’un en 2003 et l’autre en 2010 ; certains membres ont été détenu pendant plusieurs années à Guantanamo, puis relâchés après que l’administration américaine a estimé qu’ils ne posaient pas de danger.

Mais le gouvernement chinois continue d’invoquer le nom d’ETIM à chaque incident violent car au lendemain du 11 septembre 2001, Pékin avait réussi à faire inscrire ce groupe parmi une liste d’organisations terroristes aux Nations Unies, avec le soutien des États-unis, désireux à l’époque de recruter le soutien chinois dans la « guerre contre la terreur ». La désignation de ce groupe répond à la stratégie du gouvernement chinois de légitimer sa répression aux yeux de la communauté internationale et de tenter de focaliser l’attention sur des facteurs externes plutôt que sur les sources domestiques des tensions inter-ethniques qui sont derrière ces incidents meurtriers.

Il n’y a pas de véritable mouvement séparatiste organisé au Xinjiang, en partie à cause de l’efficacité de la répression, mais il existe de petits groupes locaux qui se font et se défont et parviennent parfois à mener quelques actions violentes : attaques contre des forces de l’ordre, assassinats de cadres ouïgours accusés de collaborer avec le gouvernement Chinois, ou attaques à l’explosif de symboles de la présence chinoise. Ces dernières années les attaques contre des civils Hans se sont multipliées, sans doute afin de décourager les colons Hans de s’installer dans la région en nombre toujours croissant.

 

Pékin estime que les hommes derrière cet attentat ont été formés au Pakistan. Le Xinjiang étant frontalier du Pakistan et de l’Afghanistan, quelle est, selon vous, la réalité de l’infiltration de groupes terroristes étrangers en territoire chinois ?

Il n’y a aucune preuve d’infiltration, seulement quelques cas de ouïgours partis étudier ou se joindre à la mouvance radicale au Pakistan ou en Afghanistan qui ensuite rentrent en Chine. La cause ouïgoure ne fait pas partie de la vulgate du mouvement islamique radical. De plus, le gouvernement et les services de renseignement pakistanais veillent à ne pas protéger leur plus puissant allié, la Chine, et ne tolèreraient en aucun cas l’utilisation de leur territoire comme base arrière de militants ouïgours.

 

Dans la population ouïgoure, quelles sont les revendications, quels sont les facteurs problématiques dans la relation avec le gouvernement chinois ?

Le peuple ouïgour, comme les Tibétains, font face à une formidable entreprise d’assimilation de leur territoire de leur population de la part de l’État Chinois. Cette assimilation s’accompagne d’une répression politique et religieuse féroce, d’un assaut contre toutes les formes d’expression culturelles distinctes, et de violations massives des droits de l’homme. Au lieu de l’autonomie promise par les textes, les ouïgours se sentent progressivement relégués à devenir des étrangers dans leur propre patrie.

Imposition de la langue chinoise à l’école, destruction délibérée du patrimoine historique et culturel ouïgour, censure omniprésente, campagnes anti-terroristes incessantes, vagues répétées d’arrestations, de disparitions et de torture de soi-disant « séparatistes », discrimination socio-économique permanente et un afflux toujours plus grand de migrants Hans génèrent des tensions toujours plus grandes. Ce sont ces facteurs qui expliquent la violence soudaine des attaques contre la population chinoise lors des émeutes de juillet 2009 à Urumqi, qui ont causé plusieurs centaines de morts, ou l’attaque aveugle à Kashgar la semaine dernière.

 

Comment a évolué la relation entre les autorités chinoises et cette minorité depuis les violences du 5 juillet 2009 à Urumqi ?

À la suite des émeutes le gouvernement a lancé une campagne de répression indiscriminée qui a contribué à renforcer encore plus l’hostilité des Ouïgours face aux autorités chinoises. Depuis des années la population ouïgoure vit dans la peur continuelle de dire ou de faire quoi que ce soit qui puisse être interprété comme une critique des politiques chinoises au Xinjiang, sous peine d’arrestation immédiate.

Les très lourdes condamnations régulièrement imposées à des journalistes, intellectuels, étudiants et autres suspects d’avoir critiqué certaines politiques chinoises – ce que l’État assimile aussitôt à une incitation au « séparatisme » – témoignent de la réalité de cette répression. Pour les autorités chinoises, toute critique de la situation au Xinjiang venant d’un membre de la communauté ouïgoure est un acte visant à promouvoir le séparatisme, ce qui exclue toute possibilité de dissension ou d’opposition pacifique.

 

En particulier, quelle est la situation à Kashgar ?

La situation à Kashgar est dominée depuis deux ans par l’imposition par le gouvernement de la destruction de 80 % de la ville traditionnelle multi-séculaire ouïgoure qui en formait le cœur. Cette ville, au patrimoine architectural de style centre-asiatique unique au monde, est progressivement remplacée par des immeubles modernes, modelés sur ceux du reste de la Chine et souvent inabordables pour les familles expropriées qui sont, elles, réinstallées dans des cites dortoirs à la périphérie de la ville.

 

Propos recueillis par Harold Thibault.

 

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 17:20

 

 

 

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« Conditions de travail “inhumaines”
dans l’industrie électronique chinoise »

Le Monde du 12 juillet 2011

 

Les conditions de travail dans les usines du secteur de l’électronique en Chine sont « inhumaines ». Voilà le constat de l’organisation de défense des droits des travailleurs China Labor Watch (CLW), qui publie mardi 12 juillet un rapport sur dix entreprises travaillant pour des grandes marques mondiales.

Ces usines produisent des ordinateurs et d’autres produits électroniques pour Dell, IBM, Ericsson, Philips, Microsoft, Apple, HP et Nokia, entre autres.

 

« TRAVAILLER JUSQU’À L’ÉPUISEMENT »

Dans neuf usines sur les dix où CLW a enquêté, « les ouvriers ne peuvent pas gagner un salaire leur permettant de vivre avec leurs seules heures de travail normales et sont contraints d’effectuer un trop grand nombre d’heures supplémentaires ».

« Le nombre d’heures supplémentaires travaillées par mois varie entre 36 et 160 » et « aucune usine n’était strictement en conformité avec la législation sur le travail en Chine », qui fixe une limite maximale de 36 heures supplémentaires par mois, précise CLW, qui est basée à Hongkong.

La durée du travail est comprise entre 10 et 14 heures par jour, avec de fortes variations saisonnières, liées à la demande pour des produits sans cesse mis à jour ou renouvelés. « Durant la haute saison manufacturière, les ouvriers font des heures supplémentaires excessives, travaillant souvent jusqu’à l’épuisement », a constaté CLW.

 

« LA SÉCURITÉ ET LE BIEN-ÊTRE DES OUVRIERS SACRIFIÉS »

D’octobre 2010 à juin 2011, China Labor Watch a conduit des entretiens avec 408 ouvriers pour cette enquête. Pour pénétrer dans trois usines, des membres de l’organisation se sont fait embaucher comme ouvriers.

« L’intensité du travail est extrêmement élevée dans les dix usines » examinées, poursuit CLW, qui relève que sur une chaîne d’assemblage d’HP « les ouvriers devaient répéter la tâche qui leur était assignée toutes les trois secondes, debout et sans discontinuer pendant dix heures ».

CLW a notamment enquêté dans l’usine du fabricant taïwanais Foxconn à Shenzhen (sud), où une série de suicides au printemps 2010 a attiré l’attention des médias. Mais la durée et l’intensité du travail n’y sont « pas pires que dans d’autres usines de l’industrie électronique », d’après l’organisation.

« Alors que les sociétés qui possèdent les marques internationales et les producteurs chinois veulent réduire les coûts d’achat et de production au plus bas niveau possible, la sécurité et le bien-être des ouvriers chinois sont sacrifiés », conclut CLW.

 

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L’article est ici, les photos viennent de .

 

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 17:30

 

 

 

L’Université de Genève a pris l’initiative de mettre en ligne les cours de ses enseignants. On trouve parmi eux Jean François Billeter – dont j’ai donné une présentation ici. Ses cours concernent la Chine ancienne et contemporaine, évoquent la civilisation et la pensée chinoises ; comme dans ses écrits, le Tchouang-Tseu (Zhuang Zi) y tient une grande place.

Il n’est pas nécessaire d’être aspirant sinologue pour saisir ces exposés, ceux dont j’ai pris connaissance jusqu’à présent sont largement accessibles. C’est aussi parce que la qualité première du professeur Billeter est celle-là même qui distingue l’essayiste qu’il est devenu par la suite : la clarté. Pourtant, Dieu sait si les sujets abordés sont complexes !

 

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Je remercie Laurent pour ce lien.

 

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 10:25

 

 

 

« Ai Weiwei libéré : à quoi joue
le gouvernement chinois ? »

par Benjamin Gauducheau, Aujourd’hui la Chine du 23 juin 2011

 

Ce matin, le net chinois est presque vide de tout commentaire sur la libération d’Ai Weiwei. Seule la dépêche officielle, lapidaire, est disponible. À l’étranger, on s’interroge sur les raisons de cette soudaine libération.

Trois paragraphes, courts et accusateurs. « Ai Weiwei a été relâché sous caution pour s’être bien conduit en confessant ses crimes, et à cause de la maladie chronique dont il souffre ».

Comme toujours dans les cas « sensibles », le département de la propagande a assuré pour la libération d’Ai Weiwei un contrôle strict de l’information : aucun média chinois n’est autorisé à évoqué la nouvelle autrement qu’en recopiant la dépêche officielle.

C’est donc la seule chose que la plupart des Chinois apprendront de l’affaire, d’autant que la toile a été scrupuleusement verrouillée, et que ce matin, il semble bien qu’aucun espace d’expression à l’intérieur de la grande muraille du web n’ait été négligé par les censeurs.

Le seul endroit où les internautes ont pu commenter sa libération est le forum d’un site nationaliste, créé pendant les jeux Olympiques pour protester contre le traitement des médias occidentaux de la situation au Tibet. Mais les commentaires ne sont guère sympathisants.

« C’est un gros tas d’ordure, il faut qu’il retourne aux pays des gros tas d’ordure (les États-Unis, ndlr) », écrit un internaute, rejoint par un autre : « Je suis sûr qu’il va aller se réfugier à l’ambassade des États-Unis ».

 

Retour au bercail

À l’étranger, où l’artiste jouit d’une popularité certaine, la nouvelle n’a laissé personne indifférent. Hier, lors du retour de M. Ai à son studio de Caochangdi, près de Pékin, quelques médias étaient présents, rapidement rejoints par de nombreux autres.

Peu loquace, il a déclaré qu’il allait bien, qu’il était content d’être rentré chez lui, mais que les conditions de sa libération sous caution exigent qu’il ne fasse aucun commentaire.

Il a cependant précisé que selon les termes de son arrangement avec les autorités, il ne pourrait pas s’exprimer dans les médias, y compris sur Twitter, pendant « au moins un an », rapporte le Wall Street Journal.

Sur Twitter, justement, où Ai Weiwei est suivi par environ 88 000 personnes et où les rumeurs de sa libération s’étaient multipliées dans la journée d’hier, les commentaires sont allés bon train.

Mais si certains ont laissé éclater leur joie, d’autres, plus pragmatiques, ont rappelé que quatre de ses associés étaient encore détenus dans des lieux inconnus, tout comme au moins 130 personnes, également victimes de la vague de répression qui sévit en Chine depuis quelques mois.

 

Une étape importante ?

Ai Weiwei est donc libre, au moins partiellement, et les prochains jours nous diront à quel point il dispose de sa liberté de se déplacer et de parler. En attendant, les commentaires se multiplient, depuis hier, sur cette libération surprise.

« La décision du gouvernement chinois d’arrêter Ai Weiwei était politique, celle de le libérer l’est aussi, a estimé Sophie Richardson, porte parole de l’ONG Human Right Watch. Mais c’est aussi un exemple de comment marche la pression internationale, puisque Pékin payait à un prix élevé pour sa réputation sa détention ».

« Sa libération peut être vue comme un geste symbolique du gouvernement pour détourner des critiques grandissantes, écrit pour sa part Amnesty International dans un communiqué, ajoutant que cela représente une « étape importante », mais que « sa longue détention sans charge a violé les procédures légales propres à la Chine ».

Cela, tous les commentateurs s’accordent à le dire : le cas d’Ai Weiwei a démontré à quel point la Chine n’est pas un État de droit.

Cependant, pour Jerome A. Cohen, spécialiste en droit chinois de l’Université de New-York qui revient en détail dans une note sur la situation légale d’Ai Weiwei, sa libération sous caution est « une excellente nouvelle, et sans doute la meilleure issue que l’on pouvait espérer dans les circonstances de ce cas difficile ».

Mais au-delà de ces considérations, des questions subsistent, et l’on se demande surtout pourquoi le gouvernement chinois a pris la décision de relâcher Ai Weiwei, et pourquoi maintenant.

On note ici et là que cela survient deux jours avant une visite en Europe du premier Ministre Wen Jiabao qui se rendra en Allemagne et en Grande-Bretagne, deux pays où le soutien à l’artiste a été conséquent.

Depuis sa détention, M. Ai s’est en effet attiré la sympathie d’un grand nombre de personnes hors de Chine, et sa libération avait été réclamée par de nombreuses personalités.

Les pressions occidentales auraient-elles donc marché ? Difficile à dire. Mais il probable qu’en libérant Ai Weiwei, devenu depuis sa détention un symbole à travers le monde, les autorités s’assurent à peu de frais que la vague de répression sans précédent qui frappe actuellement le pays tombe dans l’oubli.

Voir la vidéo et les liens avec les citations ici.

 

 

Un article de Libé/AFP ici. Celui du Monde d’hier .

Tous les articles concernant Ai Weiwei depuis 2009 se trouvent dans la section Chine.

 

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22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 17:42

 

 

 

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« Selon l’agence Chine nouvelle,
Ai Weiwei a été libéré sous caution »

Le Monde du 22 juin 2011

 

L’artiste chinois Ai Weiwei a été libéré sous caution, a annoncé, mercredi 22 juin, l’agence Chine nouvelle, expliquant cette nouvelle inattendue par « la bonne attitude » d’Ai, qui « a confessé ses crimes » d’évasion fiscale et par une maladie chronique.

Ai Weiwei, artiste avant-gardiste en délicatesse avec le régime depuis des années, avait été arrêté début avril alors qu’il tentait de prendre un avion pour Hongkong et avait été mis au secret.

Les autorités avaient laissé entendre qu’il était coupable d’une évasion fiscale massive, ce qui laissait présager une longue peine de prison. « Cette décision tient compte du fait qu’Ai a dit de manière répétée qu’il était prêt à payer les impôts » qu’il doit au fisc, ajoute Chine nouvelle.

L’artiste, qui a participé à la conception du célèbre nid d’oiseau, le stade des Jeux olympiques de Pékin en 2008, s’est souvent heurté au pouvoir en le critiquant ouvertement ou en défendant des causes humanitaires.

Les rumeurs de libération imminente avaient couru mercredi soir sur l’Internet chinois, où elles étaient promptement effacées par les censeurs. Ni l’épouse d’Ai ni son avocat n’étaient joignables en soirée après l’annonce de sa libération. « La police ne nous a pas annoncé qu’il avait été libéré. Il n’est pas encore rentré à la maison », a indiqué  la sœur de l’artiste, Gao Ge.

La mise au secret d’Ai, l’un des dissidents les plus virulents et les plus connus à l’étranger, avait provoqué de vives protestations dans les capitales occidentales et dans les milieux culturels étrangers. L’Union européenne, dans son dialogue régulier sur les droits de l’homme avec Pékin, avait évoqué en priorité la semaine dernière le cas d’Ai Weiwei.

 

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Les images viennent d’ici.

 

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